J’ai été interviewé pour cet article relatif à la confiance envers les médias, dans le journal Le Monde.
J’y tiens notamment le propos suivant : « Parfois, afficher de la méfiance est une façon de se positionner socialement ».
« Le quatrième pouvoir a perdu de sa superbe : l’opinion le soupçonne de collusion, lui reproche de manquer de fiabilité et d’être irresponsable. Est-il possible de redonner confiance ?
[…] Le spectateur ou lecteur moderne aimerait montrer qu’il n’est pas dupe des médias. « Parfois, afficher de la méfiance est une façon de se positionner socialement », dit également Julien Lecomte, auteur de Médias : influence, pouvoir et fiabilité (L’Harmattan, 2012) ».
Au-delà de ce passage cité, la question est très complexe et peut être abordée selon de nombreux points de vue, notamment en regard des opinions déclarées des usagers à l’égard des médias (par exemple via le baromètre TNS Sofres, également cité dans l’article), mais aussi en fonction des comportements de consommation de ceux-ci, ou encore de leur signification sociale et culturelle.
Plusieurs raisons factuelles peuvent alimenter une certaine défiance (accointances, orientations idéologiques, erreurs, coquilles, simplisme, stratégies marketing fallacieuses, etc.). Une question consiste à se demander si les médias remplissent toujours bien leur rôle social de contre-pouvoir, dès lors qu’il sont eux-mêmes sujets à un tel contre-pouvoir.
Cependant, il serait faux de croire que la méfiance est généralisée, absolue (et en outre qu’elle ne serait que rationnelle). Avec Internet, elle trouve de nouveaux lieux où s’exprimer (il suffit de lire les commentaires sur les sites de presse – le cas des trolls, notamment -, ou encore de constater la montée en nombre de sites d’info alternatifs), et elle trouve également un écho dans les médias traditionnels eux-mêmes, via certaines rubriques ou émissions.
Par ailleurs, celle-ci n’est pas toujours rationnelle, mais plutôt socio-affective, voire orientée. Je consacre une bonne partie de mon ouvrage « Médias : influence, pouvoir et fiabilité » à cette question de la confiance envers les médias.