Réponse à Tito Dupret quant à son article sur la conférence « Les réseaux sociaux : de vrais réseaux pour les jeunes ? »
Monsieur Dupret,
Je découvre avec quelques mois de retard votre article suite à mon intervention à Houyet.
Je me souviens très bien de votre présence à cette conférence. Je me souviens aussi que je vous avais demandé de m’envoyer votre article, une fois écrit. Vous m’aviez assuré que vous le feriez. Je comprends mieux aujourd’hui pourquoi vous ne l’avez pas fait. Il ne s’agissait donc pas juste d’un manque de professionnalisme. Dommage, pour quelqu’un qui prétend prôner l’interactivité.
Soyons clair d’emblée : vous soulevez plusieurs points pertinents dans votre article. Je vois la remise en question comme quelque chose de nécessaire. A la sortie de cette conférence, j’étais moi-même insatisfait. L’intervention était trop longue (près de 2h). La place à l’interactivité était trop faible à mon goût, comme du vôtre apparemment. J’ai bâclé certains points et tout cela était très « transmissif » au niveau du dispositif pédagogique. Nous sommes d’accord. D’autant plus que comme vous le faites remarquer, non sans ironie, le public n’était pas très nombreux ce soir-là (ce que je n’ai su que le jour-même).
J’ai d’ailleurs pris en compte cette expérience qui n’était clairement pas la prestation dont je suis le plus fier (et ce, avant même de lire votre critique) pour refondre totalement la conférence, depuis lors. Je vous suggérerais bien de vérifier mes dires auprès des publics auxquels j’ai donné une intervention similaire – mais améliorée – ultérieurement, à Charleroi au salon de l’éducation ou encore à Arlon à la maison de la culture, comme vous n’êtes pas quelqu’un qui croit autrui sur parole 😉 !
Ce qui me gêne un peu plus dans votre article à charge (charge qui n’est pas assumée, cf. votre dernier paragraphe), c’est que d’autres critiques sont infondées, voire fallacieuses. Un comble pour quelqu’un qui se présente comme journaliste.
A propos des sources
Vous écrivez :
« Mais la démonstration est univoque, trop courte, hyper cadrée, sans contextualisation et surtout non-sourcée ».
Tout d’abord, il est déplorable de la part d’un journaliste de ne pas citer ses sources, de ne pas renvoyer au support dont il parle, surtout lorsque ledit journaliste émet une opinion quant à son sujet. Et d’autant plus lorsqu’à plusieurs reprises, ce même journaliste questionne les sources du document qui lui a été présenté (#HôpitalCharité). Vous écrivez quelque chose de faux, et ceci sans aucune forme de preuve. Votre papier ne contient aucune référence. En plus, votre article est publié sur Internet, que vous semblez voir comme le lieu de l’interactivité. C’était si simple de mettre un lien hypertexte ou deux pour que le lecteur puisse remonter facilement à la source. En l’occurrence, le powerpoint de la présentation et la page qui y est consacrée sur le site de l’Université de Paix vous étaient aisément accessibles. De même que les nombreuses références dont vous remettez en cause l’existence.
Format conférence et pédagogie
Quant au dispositif, ensuite, vous écrivez :
« La situation est exactement celle que n’encourage ni la pédagogie actuelle, ni ITECO qui publie ce magazine, ni Alain Gerlache dans un article ici connexe. Au lieu d’échanger, observer, reculer, analyser et synthétiser, nous allons assister à un spectacle, très sympathique, et survoler autant que zapper entre chiffres et diapositives, sans discontinuer ».
Je vous ai donné raison en partie. Je salue encore une fois votre capacité à manier la langue de bois quant à votre article à charge (« un spectacle, très sympathique »). Toutefois, il me semble pertinent aussi de vous rappeler que j’étais tenu à un certain mandat par le commanditaire, ainsi que par un contrat « tacite » avec l’assemblée. Ce mandat tient au mot « conférence ». Une conférence m’a été demandée, et c’est ce qui était attendu. J’ai à cœur d’animer des ateliers, des temps de réflexion et de partager le temps de parole, mais ce n’était pas le deal annoncé. Je trouve cela malhonnête de pointer du doigt un dispositif « classique » pour cette conférence, plus que pour n’importe quelle autre intervention du même type. Je donne des formations, des ateliers, des cafés philo ou des cours sur des sujets semblables ou différents. Simplement, le format, les objectifs, le contexte, l’audience (attendue) et le contrat sont différents.
Passons sur le fait que vous parlez de « la pédagogie actuelle » comme s’il s’agissait d’un tout homogène et ce, sans donner de référence à vos propos. J’imagine que vous faites allusion à un parti pris pédagogique à ce sujet (parti pris auquel je peux adhérer dans une certaine mesure).
Sur les réflexions autour des dispositifs pédagogiques, là encore, je vous renvoie à plusieurs de mes sources ou écrits, puisque vous dites ne pas en avoir eu assez lors de la présentation, entre autres : Méthodes et contenus en éducation aux médias (2012), Cours magistral, par Sylvain Léauthier (2014), Faut-il révolutionner la pédagogie ? (2013), Faut-il imposer le numérique en éducation ? (2014).
Vous trouverez dans ces articles un certain nombre de liens hypertextes. Il s’agit de sources, probablement moins visibles sur la présentation powerpoint, malgré une bibliographie clairement identifiée à cet effet.
A noter que nous pourrions vraisemblablement débattre plus en profondeur de didactique, et notamment de la pertinence de pédagogies dites « actives » en regard de différents objectifs, publics, sujets et contextes. Autrement dit, je ne suis pas certain d’adhérer de manière inconditionnelle à ce que vous semblez ériger comme une panacée pédagogique, mais serais curieux d’en apprendre davantage quant à votre « expertise » dans le domaine, vous qui paraissez tellement au fait de ce qu’est une bonne pédagogie. Quoi qu’il en soit, je ne vous fais pas l’insulte de répéter une fois encore ma propre frustration quant au manque d’interactivité et à la lourdeur du dispositif (oui, c’est bien une prétérition).
Une présentation caricaturale… d’illustrations humoristiques, de sujets de débats et de caricatures
Je regrette par contre assez amèrement de lire des passages aussi tranchés quant au contenu, surtout de la part d’une personne avec un point de vue aussi instruit que le vôtre.
A certains endroits, vous faites preuve de votre connaissance du monde médiatique. Au sujet de la surabondance de contenus sur Internet, vous écrivez notamment :
« C’est bien sûr impressionnant, mais que faut-il en conclure ? Cette réalité est valable depuis l’avènement du livre, de la radio, de la télévision ».
Bien évidemment. J’ai écrit un article à ce sujet en 2012 et un autre en 2013. Ai-je prétendu le contraire, lors de la conférence ? Pourquoi chercher à ce point la contradiction, là où il n’y en a pas ? J’ai l’impression désagréable que vous me faites tenir un discours que je n’ai pas tenu. En fait, c’est même plus insidieux : vous vous attribuez des réflexions qui vont dans votre sens tout en transformant mes propos.
Au sujet de l’infographie DOMO – Data Never Sleeps (2015), vous ajoutez :
« Quant à la source de cette image, c’est une société commerciale d’analyse de données en ligne. Il s’agit d’une publicité pour ses activités, pas d’une étude. Et les sources qu’elle cite elle-même sont une liste de marques de grandes compagnies du web, sans détail ni contexte ni protocole ».
Vous avez peut-être d’autres sources, plus fiables, quant aux usages chiffrés d’Internet. Dans ce cas, cela m’intéresse.
Je n’ai rien dit de plus que « selon cette entreprise [qui reprend elle-même les chiffres des principaux concernés], les chiffres sont tels », en présentant d’ailleurs les limites de ces données. Les sources sont justement citées à cet effet. Peut-être supposez-vous que les membres de l’audience de la conférence manquent du discernement dont vous faites preuve pour relativiser ces données ? Je constate que pour cette source contestable, vous avez effectué un travail de recherche et de critique historique. Dommage que vous n’ayez apparemment pas fait de même en ce qui concerne les fondements ou les sources académiques de mes propos de fond, dont vous prétendez qu’elles ont manqué ! En effet, cette infographie ne représente absolument pas l’essentiel de mon propos. Vous passez sous silence les principales références du discours. Après une première lecture, j’ai pensé que cette sélection biaisée n’était sans doute qu’un hasard… J’ai toutefois revu mon jugement a posteriori.
Si les données discutées ici sont très probablement à prendre avec des pincettes, ce qui m’ennuie est que vous utilisez ces éléments comme des remises en cause du bienfondé des contenus de la présentation en général. En sortant ces éléments de leur contexte et en les présentant comme étant l’essentiel de mon propos, vous jetez l’opprobre sur tout le travail effectué, alors que le propos était simplement de donner un aperçu (partiel et partial, et ce avec transparence) de ce que peut représenter le web aujourd’hui. Vous me prêtez des prétentions de manière hâtive. Vous omettez le nombre de fois où j’ai répété combien certains passages de la présentation powerpoint relevaient eux aussi de la caricature.
Plus loin, vous écrivez encore :
« Mais la démonstration est univoque, trop courte, hyper cadrée, sans contextualisation et surtout non-sourcée » [heureusement, ce n’est pas votre cas dans votre article ! #PaillePoutre].
De nouveau, vous présentez deux caricatures comme s’il s’agissait de propos qui se veulent experts. Vous faites la même chose avec un extrait humoristique d’un spectacle de Gad Elmaleh que j’ai présenté (bon sang, où avez-vous lu ou entendu des prétentions à la scientificité relatives à ces images ?). Je le répète, j’ai été trop gourmand en voulant présenter un panorama aussi large en aussi peu de temps, alors que j’ai à cœur de défendre une pensée complexe. C’était un dispositif peu propice à une analyse en profondeur. Je concède aussi que je n’ai pas pu retracer la provenance de tous les mèmes qui circulent abondamment sur le web, et que j’utilise comme supports illustratifs – et uniquement à cette fin.
Toutefois, justement, il s’agissait justement dans les passages « incriminés » de montrer le côté caricatural de positions se limitant à l’angle « pour » ou « contre » les nouvelles technologies !
Un exemple de caricature utilisée pour répondre à d’autres caricatures : « La technologie nous rend asocial » – Westchester Commuters to New York, par Guy Gillette (1952 ou 1955).
Quand vous dites que ceci est non-sourcé, encore une fois, vous jetez la suspicion sur tout un travail qui dépasse de loin cette présentation : De la passivité à l’interactivité (2012) (vous voyez, l’un de ces articles dont vous vous réappropriez le propos comme si vous étiez le premier à y avoir pensé), Les réseaux sociaux et les selfies nous rendent-ils plus narcissiques ? (2014), Analyse des chaines Youtube les plus populaires en France (2015), etc. Pour info, ces références figurent et figuraient dans une bibliographie fournie en fin de présentation, dont je vous remets le lien ici (j’espère l’avoir mentionnée suffisamment pour que vous ne la manquiez pas, cette fois).
Un exemple de caricature utilisée pour répondre à d’autres caricatures : Richard Atkinson, Vintage Social Networking (« Les ancêtres des réseaux sociaux ») – Une illustration humoristique utilisée pour relativiser l’affirmation qu’Internet est un monde à part, déconnecté du réel.
Une malhonnêteté intellectuelle… ou un problème de compréhension ?
Point de détail – mais qui en dit peut-être long -, votre mise en récit n’honore pas vraiment votre métier :
« Nous sommes plusieurs à nous être levé [sic – lapsus révélateur ?] pour circuler dans la salle et exercer nos jambes ».
Je me souviens que deux personnes l’ont fait, vous et un enfant qui vous accompagnait [note]. Oui, cela fait « plusieurs ». Mais comme moi, vous n’ignorez pas le poids des mots. « Deux » et « plusieurs », ça ne sonne pas pareil, et on peut s’interroger sur les sous-entendus d’une telle affirmation (et la pertinence de sa présence). On retrouve d’autres inexactitudes ou formulations fallacieuses lorsque dans votre texte vous parlez de « 10 secondes de vidéo », m’attribuez le terme « paralangage » alors que je ne l’ai pas utilisé, ou encore quand vous dites « le tout sans définitions »).
Enfin, vous écrivez :
« Aussitôt, la question la plus sensible du jour est lancée : le cyber-harcèlement pour ensuite conclure sans plus tarder avec ceci : attention, les jeunes ne savent pas comment chercher l’information, ils n’ont pas d’esprit critique et ne questionnent pas les informations qui leur parviennent. Cette fois, je suis KO ».
J’ai dû vous relire, estomaqué. Vous me prêtez une fois encore des propos que non seulement je n’ai pas tenus ce jour-là, mais que je n’ai jamais tenus du tout. Je le redis autrement pour être bien clair : je n’ai absolument pas dit ça. Jamais.
Je me suis posé de sérieuses questions quant à ma faculté à m’exprimer clairement lors de cette intervention, mais j’en arrive à expliquer plutôt cette affirmation – voire l’ensemble de votre diatribe – par un biais dans votre regard. Il y a trop d’éléments contrefactuels dans votre article pour que j’en prenne seul la responsabilité. J’en viens même à m’interroger : vos propos sont-ils seulement à côté de la plaque, ou carrément mensongers ?
Bon, d’abord, la question du cyber-harcèlement est la question « commanditaire » par excellence. Concrètement, dans ce contexte et à l’Université de Paix, on ne peut pas ne pas l’aborder (c’est difficile, en tout cas, de ne pas en dire un mot, ne serait-ce que justement en termes de démystification du phénomène).
> [Mise à jour 2020] Au sujet du cyberharcèlement, lire entre autres : Education aux médias en réseaux : la socialisation numérique (CSEM, 2013), Le cyberharcèlement, c’est du harcèlement (Université de Paix, 2015), Harcèlement et cyberharcèlement (Canal et compagnie, Université de Paix, 2015) et Le « cyberharcèlement » : quels sont les impacts des médias en réseaux (Conseil académique de l’Université de Paix, 2017), Le cyberharcèlement, un concept fourre-tout (2020).
Vous présentez cela comme si je faisais partie de ceux qui adoptent une posture anxiogène quant aux réseaux sociaux, quand justement j’ai traité cette question en lien avec le harcèlement de manière générale, et ce en une poignée de minutes. Lire aussi : Travailler le relationnel à l’école : au-delà des mesures « curatives » (Université de Paix, 2015).
De plus, vous déformez totalement mes propos quant à la recherche d’information sur le web.
Je suis en effet d’avis que le développement de l’esprit critique par rapport à la fiabilité des sources sur le web (et ailleurs !) est un enjeu majeur de l’éducation aux médias. C’était le thème de mon mémoire en 2009, de mon article scientifique en 2010, en grande partie de mon premier livre sur la fiabilité des médias, et j’ai imaginé et testé des activités pédagogiques à ce sujet ou en collaboration avec des experts de terrain (cf. mon second ouvrage avec ACMJ asbl).
En revanche, je ne dis nulle part que les jeunes « n’ont pas » « d’esprit critique » (d’ailleurs, comme si l’esprit critique pouvait s’acquérir une fois pour toutes). J’ai par contre pu observer à plusieurs reprises des jeunes qui se déclaraient démunis ou ne mettaient pas en place des outils pour rechercher ou évaluer l’info sur le web (ce qui ne les rend pas idiots ou crédules pour autant). De même que des adultes et de même par rapport à d’autres types de sources que numériques. Bref, je ne sais par quel biais de confirmation vous êtes arrivé à cette « conclusion », mais celle-ci me fait sérieusement m’interroger quant à la clarté de mes propos ! Cela a au moins le mérite d’appuyer votre propos selon lequel ma pédagogie était lacunaire ce jour-là… Là où mon objectif didactique était de « voyager » entre différents points de vue pour percevoir la complexité d’un phénomène, vous m’attribuez une thèse simpliste, totalement dévoyée. J’en suis fort triste.
L’interactivité, ça se joue à plusieurs
Je conclurais avec vous sur votre dernier paragraphe.
« Mais qu’on ne se méprenne pas sur ce texte. Je ne veux pas remettre en cause l’intervention du conférencier, encore moins l’utilité d’une telle initiative ».
Sur ce point, vous n’assumez pas vos propos, et êtes en contradiction performative par ailleurs.
Quel dommage pour quelqu’un qui déplore un manque d’interactivité d’écrire son petit texte dans son coin (en plus, écrire un article, c’est tellement dépassé à l’heure d’Internet et de son interactivité ! #Provocation), sans prendre la peine d’en discuter [note]… Comme cela doit être frustrant de n’avoir pu vous exprimer en face à face lorsque vous en avez eu l’occasion.
En effet, pour vos lecteurs, il aurait été honnête de rappeler que si le moment d’échange formel avec le public a été relativement court (30 minutes) en regard du reste de la présentation, il y en a bel et bien eu un. Sans compter que j’ai d’emblée invité les personnes à m’interrompre s’ils souhaitaient réagir – droit qui a d’ailleurs été exercé par « plusieurs » participants. Est-il bien honnête de me faire porter la responsabilité de votre frustration, et de la projeter sur les autres personnes présentes ?
Je suis resté peu après la conférence avec les derniers participants, continuant la discussion. Je suis joignable par de multiples canaux dont vous avez connaissance.
Bref, à ce moment-là ou plus tard, les opportunités de s’exprimer et de susciter l’échange n’ont pas manqué. Pourquoi ne pas m’avoir simplement interpellé ? Pourquoi ne pas avoir partagé votre opinion, en public ou en privé ?
« Dans la salle, la demande est bien réelle, les questions existent, l’intérêt est palpable ».
Oui. Et j’ajouterais que tous les participants ne disposent pas de la même culture médiatique que le journaliste que vous êtes. Vous faites partie des spécialistes du sujet. La plupart des gens venaient là en tant qu’éducateurs, parents ou grands parents, et non en tant que professionnels de l’information et de la communication.
« Malheureusement ce moment d’éducation aux médias ressemble trop aux médias eux-mêmes. Ceux-ci semblent avoir contaminés [sic] la pensée. Julien Lecomte est manifestement à la fois le sujet et l’objet de ce qu’il étudie. Il est le fabriquant et le produit. Il est dedans et dehors. De sorte que la frontière entre l’acteur et l’observateur est devenue aussi indiscernable que celle entre le réel et le virtuel. Je reviens de cette conférence avec le sentiment que cette frontière est inopérante, obsolète. Nos vies et nos réseaux sociaux, réels et virtuels, sont un et un seul, de chair et d’os, avec ou sans écran ou interface ».
Amusant. C’est la seule thèse concrète que vous avancez véritablement, le reste de l’article n’étant qu’une déconstruction pure et simple de votre perception déformée du contenu et du format de la conférence.
A sa lecture, je me demande quel était l’objectif de votre article. Si c’était de tenir ce propos, je pense que vous auriez pu vous dispenser de la charge qui précède. C’est une thèse qui mérite d’être étayée, discutée, enrichie. J’ai déjà lu des articles à ce sujet, d’ailleurs : cf. Il n’y a pas de différence entre le réel et le virtuel (2015), Sur la réflexivité en éducation aux médias (2014), Questions philosophiques d’éducation aux médias (2014), Questions d’épistémologie.
De fait, c’est une thèse à propos de laquelle j’ai écrit un peu plus que quelques envolées lyriques (n’avez-vous pas confondu vos vocations, d’ailleurs ?) à la fin d’une opinion qui se donne les airs d’une chronique culturelle !
Finalement, j’ai l’impression que peu de choses que vous semblez identifier comme des désaccords entre nous subsistent à la discussion. Nous nous rejoignons sur un certain nombre de points, mais encore aurait-il fallu prendre le temps d’en prendre connaissance sérieusement.
Le fond et la forme
En revanche, je ne peux vous rejoindre quant au format de votre article. Non seulement il m’apparait comme peu informatif pour votre audience (qu’y apprend-on, à part que vous n’avez pas pris votre pied lors d’une conférence et/ou que vous êtes décidément un intellectuel à l’esprit acéré ? Superbe prise en compte du public de la revue d’Iteco…), mais en plus vous y reproduisez tout un ensemble de critiques que vous adressez à ma présentation (thèses non étayées ou non référencées, inexactitudes, interaction inexistante…).
Je ne dirais donc pas comme vous que je ne remets pas en cause votre intervention (votre texte), et encore moins l’utilité d’une telle initiative.
Franchement, je n’en perçois pas l’utilité.
Elle m’a blessé.
Si elle était supposée me faire grandir, vous auriez pu me l’adresser directement.
Si elle était supposée étayer une thèse intéressante (pour vos lecteurs, par exemple, qui n’en ont rien à cirer que vous vous soyez emmerdé en conférence, mais qui auraient pu être intéressés de partager une réflexion de fond [note]), vous auriez pu les argumenter positivement. Votre article aurait pu traiter de fond.
Nul besoin de déconstruire ce que vous percevez du travail d’autrui pour ce faire (sur base d’une prestation grand public de 2h), ni de vous infliger des conférences si vous n’aimez pas ça.
Bref, cette mise au point n’était peut-être qu’une catharsis de ma part. J’aurais largement préféré en parler avec vous, plutôt que de lire un article à charge et truffé de contrevérités me concernant, le tout sans source ni droit de réponse. A ce sujet, la porte est toujours ouverte, si vous le souhaitez*. Il y a un formulaire de contact sur philomedia.be. Je vous avais donné ma carte de visite lors de notre rencontre. Si vous avez des remarques constructives à propos desquelles vous désirez échanger, n’hésitez pas. Il suffisait de demander.
[* Tito Dupret, que j’ai interpellé sur Twitter à la sortie de ma réponse, en a lu le texte, m’en a accusé réception, mais nous n’en avons pas rediscuté depuis. Sa chronique contrefactuelle est toujours en ligne sur le site d’Iteco et n’a pas été amendée].
Sources de la conférence
Ceci peut sembler anecdotique, mais il me semble que ce qui s’est déroulé le soir de la conférence entre Tito Dupret et moi éclaire son propos d’une certaine manière.
Tito Dupret s’est présenté comme étant journaliste. Au lieu de se joindre aux autres spectateurs présents, il s’est installé à un banc au fond de la salle, loin du reste du public (encore une ironie, alors qu’il ne manque pas de préciser dans sa tirade que « l’écran de projection est trop petit, pratiquement illisible »), pour y prendre des notes, accompagné d’un jeune enfant.
Suite à l’intervention, je lui ai donné ma carte en lui précisant qu’il pouvait me contacter pour discuter de l’article, ce à quoi il m’a répondu « je suis journaliste ».
A posteriori, je comprends mieux ce qui s’est passé à ce moment-là. Par cette phrase, Dupret m’a signifié qu’il n’était pas là pour faire ma promotion. C’est normal, de la part d’un journaliste. Sauf que j’ai eu la naïveté de croire que l’article ne traiterait pas de l’événement conférence en tant que tel (un article digne de la presse locale de bas étage, avec quelques envolées lyriques en plus), mais parlerait de contenu, de fond. Je pensais que l’article parlerait d’un travail intellectuel que je ne fais que relayer, car je suis loin d’en être le détenteur [mise à jour 2016 : cf. ce que cela peut donner, dans le magazine Eduquer n°126. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un travail journalistique de moindre qualité…]. Tito Dupret a préféré disserter de son expérience subjective en l’assortissant de quelques figures de style plus ou moins littéraires. Qui cela aura-t-il intéressé à part lui ? Je n’en sais rien.
Après sa réplique, je n’ai pas insisté, comprenant qu’il ne voulait pas prendre le risque que je fasse ma promotion ou celle de mon employeur de manière détournée. Je lui ai demandé alors de simplement me prévenir à la publication de l’article, car sa perspective m’intéressait. Il m’a répondu qu’il allait le faire. Il n’a pas tenu parole.