« On ne peut plus rien dire ! » – La liberté d’expression

Quelques idées clés :

  • Censurer (empêcher de dire en faisant usage de la force) et ne pas donner de mégaphone (ne pas offrir une visibilité démesurée à n’importe quelle idée), ce n’est pas la même chose !
  • Chez nous, les personnes qui crient sans arrêt à la censure sont paradoxalement des personnes qu’on entend beaucoup : c’est une stratégie de leur part de se présenter en victimes et de jeter le doute sur les sources d’information qu’elles ne contrôlent pas !
  • La liberté d’expression a des limites : si j’estime que frapper mon voisin relève de ma liberté d’expression, je suis pourtant hors-la-loi. On ne peut pas tout exprimer, de n’importe quelle manière, sans s’exposer à des conséquences ! La liberté d’expression concerne les idées et les faits.
  • Dans une démocratie de la tolérance, on ne peut pas tolérer l’intolérance : d’expérience, lorsqu’on donne « carte blanche » aux personnes intolérantes, elle s’approprient les moyens d’expression et musèlent toutes les voix dissidentes.
  • Parmi les personnes qui chouinent en disant qu’on ne peut plus rien dire, beaucoup seraient en réalité ravies de pouvoir faire taire les voix qui les contredisent. Ce qu’elles veulent, ce n’est pas une libre expression équitable, mais qu’on leur déroule le tapis rouge sans contradiction.
  • « Toutes les opinions devraient avoir le même droit de cité » : cette idée est de la merde. Au-delà du caractère nuisible de certaines « opinions », il est dommageable de laisser entendre que toutes les opinions ont la même valeur.

La liberté d’expression n’est pas le fait de pouvoir dire tout et n’importe quoi impunément ou de mettre à égalité mensonge et vérité, mais de ne pas être sanctionné ou censuré en amont pour des opinions politiques/idées non nuisibles à autrui. Je pense que l’on manque parfois de conscience que le simple fait d’être libres de critiquer publiquement des adversaires politiques sans risquer de répression violentes (et autres procédures en ce sens) est un luxe que certains n’ont pas. La liberté d’expression distingue les offenses et les préjudices : dans un système libre, on ne peut pas vous interdire de vous exprimer ou vous punir parce que votre parole déplait, qu’on se sent offensé par celle-ci, de même que chacun a le droit d’exprimer qu’il se sent offensé (certaines personnes sont d’ailleurs spécialistes de cet exercice – cf. Paniques morales et éthique minimale).

Sources et compléments :

– Illustration : David, La mort de Socrate

Liberté d’expression (Wikipédia)

Le paradoxe de la tolérance, par Karl Popper

– Galita, N., Il ne faut jamais débattre avec l’extrême-droite. 5 raisons de ne pas débattre publiquement avec l’extrême-droite (2021)

– Girard, C., L’État face à la liberté d’expression. À propos de : Corey Brettschneider, When the State Speaks, What Should it Say ? (2014)

– Girard, C., Le droit et la haine. Liberté d’expression et « discours de haine » en démocratie (2014)

– Média Animation asbl, Entre discours de haine et liberté d’expression. Les enjeux de la participation en ligne dans les médias belges francophones (2017)

Faut-il censurer les propos racistes ? (2014)

Mon désarroi par rapport à une prof qui parle de Charlie à ses élèves (2015)

Lutter contre la haine de l’autre (2016)

Liberté d’expression, influence des médias et régulation : faut-il contrôler les médias ? (2020)

Le cyberharcèlement, un concept fourre-tout (2020)

[Mise à jour 2020/09] Voir aussi :

[Mise à jour 2021] Voir aussi :

[Mise à jour 2022/02] Voir aussi :

[Mise à jour 2024/01] Voir aussi : De l’importance des contre-pouvoirs (2024)

La liberté d’expression n’est pas le fait de pouvoir dire tout et n’importe quoi impunément ou de mettre à égalité mensonge et vérité, mais de ne pas être sanctionné ou censuré en amont pour des opinions politiques/idées non nuisibles à autrui. Je pense que l’on manque parfois de conscience que le simple fait d’être libres de critiquer publiquement des adversaires politiques sans risquer de répression violentes (et autres procédures en ce sens) est un luxe que certains n’ont pas. La liberté d’expression distingue les offenses et les préjudices : dans un système libre, on ne peut pas vous interdire de vous exprimer ou vous punir parce que votre parole déplait, qu’on se sent offensé par celle-ci, de même que chacun a le droit d’exprimer qu’il se sent offensé (certaines personnes sont d’ailleurs spécialistes de cet exercice – cf. Paniques morales et éthique minimale).

[Mise à jour 2025/01] Voir aussi cette vidéo de Jim Nejman, rédacteur en chef de LN24 (2025).