Junk News : « s’informer » plus ne veut pas dire s’informer mieux

Les junk news, c’est comme la junk food (malbouffe). Les personnes qui « s’informent » beaucoup ne sont pas nécessairement les mieux informées. Au contraire, parfois.

John Martin - La Destruction de Sodome et Gomorrhe (1852)

John Martin – La Destruction de Sodome et Gomorrhe (1852)

Pourquoi s’informer plus ne permet-il pas nécessairement d’être mieux informé ?

Parce que des producteurs de contenus produisent du bullshit, des fake news, des contenus faux et/ou de mauvaise qualité.

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La désinformation fait référence aux contenus faux produits et diffusés volontairement. Le but est de tromper pour servir des buts idéologiques, politiques, économiques, etc.

La mésinformation désigne les contenus faux involontaires ou de mauvaise qualité. Le but n’est pas de tromper, mais l’erreur est humaine, surtout si l’info est produite à moindre coût, par des personnes qui maîtrisent insuffisamment les sujets ou qui manquent de moyens pour les traiter correctement. C’est comme pour l’industrie de l’alimentation où le but n’est pas nécessairement d’empoisonner les consommatrices et consommateurs, mais de maximiser les profits en diminuant les coûts, et donc potentiellement la qualité.

La malinformation désigne quant à elle des contenus basés sur des faits, mais utilisés dans le but de porter un préjudice. Par exemple, des sources qui servent des intérêts politiques, idéologiques ou économiques peuvent sélectionner des faits de façon biaisée pour servir une ligne éditoriale dont le but est d’influencer les opinions en leur faveur, et non d’informer. C’est volontairement trompeur, orienté ou nuisible, même si c’est basé sur du vrai.

Dans un contexte d’infobésité, il faut ajouter à cela un gros problème côté réception/consommation. Le fait que l’on s’informe mal. Les junk news (expression que j’aurais traduite par « malinformation » si le terme n’était pas déjà utilisé, que l’on pourrait alors traduire par « malbouffe informationnelle »), comme la junk food, sont le produit de tout cela : d’une part, il y a une surproduction de contenus de mauvaise qualité informationnelle, et d’autre part, une consommation abondante de ceux-ci.

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Quand j’étais ado, les profs nous disaient de nous informer, de croiser et multiplier nos sources.

Il y avait cette idée que plus on s’informait, mieux on s’informait.

Mais c’est une erreur.

Certaines personnes qui passent beaucoup de temps à « s’informer » sont en réalité parmi les plus mal informées. On peut très bien consulter 10 sources différentes et malgré tout se conforter dans l’erreur. Il y a des biais idéologiques, renforcés par les algorithmes et autres « bulles de filtre » qui font que l’on est plus ou moins cloisonnés dans des sphères sociales et informationnelles limitées. Désormais, pour toute opinion, on peut trouver des dizaines de sources différentes qui la valident, même si elle est fausse, et ne jamais être confronté aux preuves qui la réfutent.

Il s’agit donc moins de s’informer plus que de s’informer mieux. Et peut-être même qu’une diète peut être intéressante.

Pour des pistes à ce sujet, consultez notamment :

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