Après nous être entretenus avec Pierre Lévy (« Médias, culture et cognition »), puis avec Boris Libois (« Médias, éthique et régulation ») en 2012, nous avons rencontré Marc de Haan. Retranscription intégrale.
Extraits de biographie
Marc de Haan a un parcours riche et éclectique.
Tout d’abord, dans le monde des médias d’information. Depuis 2007, Marc de Haan est Directeur Général de Télé Bruxelles où il a occupé d’abord le poste de journaliste et ensuite celui de Directeur de l’information. Il a par ailleurs exercé le métier de journaliste pour Antenne Centre Télévision, un magazine spécialisé dans la moto (Moto 80), ainsi que d’autres titres de presse (Le Peuple, La Nouvelle Gazette / La Province…).
Ensuite, au niveau de la réflexion et de l’engagement philosophiques, et particulièrement en ce qui concerne les questions morales, éthiques ou déontologiques. Marc de Haan a présidé le Groupe Bruschetta[1], très actif sur les missions de service public dans la presse et sur le secret des sources journalistiques. Entre 2009 et 2013, il exerce la fonction de Vice Président du Conseil de déontologie journalistique [EDIT 15/01/2014 : Marc de Haan a été désigné à la présidence du CDJ pour la période 2014-2017]. Licencié en philosophie morale, il publie en février et mars 2013 quelques billets dans un blog intitulé BeeKANT, suite au décès du philosophe Pierre Verstraeten.
Enfin, par rapport à l’éducation au sens large, que ce soit en tant que dirigeant d’un média de service public ou comme enseignant à l’IHECS depuis 2005.
Source (entre autres) : profil LinkedIn de Marc de Haan
L’entretien aborde tout d’abord la question du fonctionnement d’une télévision telle que Télé Bruxelles, tant au niveau de sa logique éditoriale (en tant que média de service public) que de ses contraintes (notamment en termes de concurrence).
Par extension, il traite de difficultés, contraintes et opportunités liées à l’exercice du journalisme. A la lueur du cas de Telemadrid se pose notamment la question de la pérennité de médias audiovisuels de service public dans un contexte de forte pression économique.
La suite de l’échange concerne la raison d’être et l’efficacité du Conseil de déontologie journalistique : quelle pertinence et quel pouvoir face à certaines dérives observées dans ce milieu professionnel ? Enfin, Marc de Haan nous donne brièvement son avis quant à une éducation visant à développer l’esprit critique (notamment par rapport aux médias) et par rapport aux liens qu’il perçoit entre la philosophie et son parcours.
Direction et fonctionnement de Télé Bruxelles : un média audiovisuel régional de service public
Question : pouvez-vous nous parler de votre fonction de Directeur Général de Télé Bruxelles ? Comment cela fonctionne-t-il ?
Je suis le Directeur Général de Télé Bruxelles depuis 2007. Avant, j’en ai été le Rédacteur en chef pendant 10 ans. Avant ça, j’ai été journaliste à Télé Bruxelles. Je n’y ai pas fait toute ma carrière, mais quand même un très gros morceau.
Ma fonction est très bien balisée : je bénéficie d’une description de fonction assez claire.
C’est avant tout une fonction de chef d’orchestre : il s’agit de faire jouer ensemble les différents services ou les différents métiers, les différentes personnes. Cette coordination se matérialise dans un Comité de direction qui chapeaute une organisation assez pyramidale [cf. organigramme] : au-dessus de chaque service, il y a un Directeur. Le Comité de direction se réunit au minimum une fois par semaine pour faire marcher tout cela ensemble, favoriser les transversalités. C’est un rôle particulier ; un rôle de coordination qui est de faire tendre toute cette équipe et toute la chaine vers des objectifs qui sont clairs et qui correspondent à la vision stratégique du Conseil d’Administration. Par rapport à ce Conseil d’Administration, qui est en fait le vrai « patron » (je suis le patron salarié et non le propriétaire de la chaine, comme je le dis parfois), ma mission est de le conseiller et d’appliquer sa politique. La différence avec les administrateurs c’est que j’ai « les mains dans le cambouis » ; je suis un professionnel, ce que ne sont pas nécessairement les administrateurs, et donc c’est bien aussi un rôle de conseil par rapport à eux.
C’est aussi une fonction très variée. C’est très clairement une fonction de chef d’entreprise, comme expliqué précédemment. Mais c’est aussi une fonction liée à un métier particulier, parce que ce n’est pas une entreprise comme les autres : elle ne produit pas des boîtes de petits pois, mais un contenu immatériel à forte valeur sociale ajoutée. Télé Bruxelles est aussi une entreprise particulière parce que c’est un service public. Je ne peux pas cacher à ce sujet qu’il y a une charge administrative particulièrement lourde, qui est légitime, je ne le conteste pas en soi, mais parfois un peu disproportionnée par rapport à une ASBL qui est quand même relativement petite. Il y a une soixantaine de personnes qui travaillent pour Télé Bruxelles, donc ce n’est pas une très grosse boite.
Question : justement, dans cette mesure et par rapport à la concurrence (notamment en termes d’offre de contenus audiovisuels), quelle est la situation de Télé Bruxelles ? Quelles sont les difficultés ?
Je pense qu’on est dans une situation particulièrement difficile et extrêmement concurrentielle à Télé Bruxelles.
Par nature d’abord, au sens où on ne bénéficie pas de l’« atout communautaire ».
Je m’explique.
A l’origine, on a développé ce que sont aujourd’hui les télévisions locales (mais Télé Bruxelles s’affirme aujourd’hui comme une télévision régionale, pas locale) et on parlait de télévisions « communautaires », ce qui voulait dire qu’elles sont l’émanation d’une communauté : cela comporte d’une part une dimension citoyenne et participative d’une part, et d’autre part une localisation, ou en tout cas une identification sur un dénominateur commun très évident qui forme une communauté.
Cette dimension de télévision communautaire a fortement évolué. Je ne dis pas que les télés locales ne sont plus des télévisions citoyennes, mais avec la professionnalisation et le développement des chaînes, elles sont devenues des chaînes d’information plus « classiques » plutôt que des télévisions communautaires à proprement parler. Entre parenthèses, aujourd’hui, il est devenu plus difficile d’assumer le nom « communautaire » étant donné qu’il a acquis une portée péjorative. Plus personne ne se réclame vraiment de cela, même si on l’entend encore dire. Néanmoins, les locales ont donc des racines de télévision citoyenne et de télévision de proximité.
Si notre chaîne devait jouer la carte « communautaire », le terrain Bruxellois est un terrain extrêmement difficile et concurrentiel. J’ai commencé en télévision à Antenne Centre, la télévision locale de la région du Centre ; La Louvière, Binche… jusque Soignies. J’étais très présent à l’antenne de cette télévision, ce qui me permettait de mesurer ma notoriété, d’avoir du contact direct avec le public. Et il était très évident que pour les gens de la région, c’est leur chaine de télévision : ils se l’approprient. Ils y tiennent beaucoup, elle fait partie de leur patrimoine, de leur identité. Ils ont un lien fort avec ça. On le voit par exemple d’une façon extraordinaire à Notélé. Je suis fasciné par l’amour que les gens de Tournai ont pour leur chaîne de télévision. Ils ne lui demandent pas d’être autre chose que leur chaîne. Pour eux, ce n’est pas une chaîne que les autres, ce n’est pas ça la question : elle rend le service qu’ils attendent d’elle. Ils en sont satisfaits et ont un sentiment affectif à son égard.
A Bruxelles, il est impossible de bénéficier de cette dimension affective dans la relation avec notre public. Pourquoi ?
Parce que Bruxelles, d’abord, c’est une grande ville. Le sentiment d’appartenance à un ensemble n’est pas aussi fort dans une entité aussi grande et densément peuplée. D’autre part, le fait de se reconnaitre Bruxellois est décliné de manière très diverse. S’il devait y avoir une identité bruxelloise, c’est précisément dans le fait que c’est une mosaïque, que c’est hétérogène. Certes, le français est une langue véhiculaire qui pour le moment reste dominante, mais au-delà de ça, il y a mille manières d’être Bruxellois et c’est peut-être ça qui fait qu’on est Bruxellois : notre point commun réside dans le fait que nous sommes tous différents les uns des autres. J’aime beaucoup cette vision de l’identité et me sens très heureux et très à l’aise avec cette réalité-là. En attendant, elle nous prive du fait qu’on regarderait Télé Bruxelles parce qu’elle est Bruxelloise et que ça suffise en soi.
Autre élément : on voit des images de Bruxelles sur toutes les chaînes de télévision. Ce qui se passe à Bruxelles est largement couvert par d’autres chaînes, puisque c’est la capitale. On ne bénéficie donc pas non plus de cet élément d’exclusivité.
Sur le terrain de l’actualité, notre position est de dire que tout ce qui est Bruxellois nous concerne (et ça, Fabrice Grosfilley pourrait t’en parler mieux que moi) : peu importe finalement que ce soit local, régional, fédéral ou international, même si le régional a logiquement une place prépondérante. Lorsque c’est Bruxellois, c’est-à-dire que c’est pertinent par rapport au fait d’être Bruxellois, c’est bon. Sur ce terrain-là, on a l’avantage de plus de 25 ans d’expérience, de l’ancrage et de la proximité, mais malgré tout, tout le monde s’y trouve. Quand je dis « tout le monde », ce sont les autres télévisions belges qui font de l’information. Et donc, fatalement, on est dans une situation extrêmement concurrentielle.
Il est clair que c’est une situation particulière. Outre les chaînes nationales, il y a aussi plus spécifiquement un concurrent et un référent qui est la télévision néerlandophone bruxelloise, Tv Brussel. Ce n’est pas vraiment un concurrent sur l’audience, mais c’est un concurrent symboliquement, c’est une stimulation très positive.
Et puis on voit aussi arriver des chaines de télévision communautaires au sens contemporain du terme ; pas au sens historique des télévisions locales, mais bien au sens d’une télévision reflet d’une communauté, notamment une communauté qui est originaire de l’immigration. Il y a déjà une télévision de ce type qui est diffusée et on annonce d’autres projets. Ce sont évidemment des concurrents également.
« Le budget annuel de Télé Bruxelles est comparable au budget de The Voice ».
Cette situation-là est très particulière enfin parce que nos concurrents sont plus puissants que nous, en tout cas en ce qui concerne les plus importants sur l’offre de l’information, à savoir la RTBF et RTL-TVI. Ils ont des moyens financiers très supérieurs à ceux de Télé Bruxelles. Il faut que l’on puisse soutenir la comparaison, or le budget annuel de Télé Bruxelles doit être comparable au budget des 16 émissions de The Voice. On doit être tout aussi séduisants que les télévisions nationales pour le téléspectateur, en sorte que lorsqu’il change de chaîne, il n’ait pas l’impression de tomber dans un sous-produit. Donc au niveau de la mise en images, de la qualité du récit, de la qualité journalistique, il faut vraiment que nous mettions la barre très haut pour pouvoir soutenir la comparaison. Et en même temps, on n’a pas du tout les mêmes moyens[2]. C’est un défi permanent de prendre sa place dans cet univers.
Question : dans cette situation difficile, est-ce que Télé Bruxelles s’y retrouve ?
La réponse est très clairement « oui ». On a quand même plus de 250 000 téléspectateurs [audience totale, ndlr]. C’est considérable : on sait qu’on est un opérateur majeur à Bruxelles. Par rapport à cela, nous n’avons pas d’angoisse. Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on n’y arrive pas.
Maintenant, l’audience est un élément, mais il y a aussi et surtout le rôle social que l’on joue. Par rapport à cela, notre approche éditoriale, qui est certes de plus en plus pointue sur l’actualité, reste très marquée par une exigence que je qualifierais de service public, qui est pour moi déterminante. A ce niveau-là, nous pensons que nous avons une très forte originalité, et une crédibilité incontestable. Être spécialiste de Bruxelles, avec cette approche-là, je pense que c’est en soi une marque forte, un élément qui est très repérable. Dans cette mesure, la place de Télé Bruxelles est vraiment importante.
J’ajouterais enfin qu’il ne faut pas sous-estimer que Télé Bruxelles, comme je le disais, est une télévision régionale et pas locale. Concrètement, cela se traduit par le fait que c’est une télévision dont le principal pouvoir subsidiant est la COCOF, une institution qui est compétente pour des matières culturelles et personnalisables sur une zone qui est une entité fédérée de l’Etat belge : notre référent naturel, c’est la Région de Bruxelles-Capitale. Nous sommes la chaîne de télévision d’une entité fédérée du pays. Or, les régions sont les entités qui montent. C’est un élément structurant et intrinsèquement stratégique.
Une situation préoccupante pour les médias en Europe
Question : j’ai déjà pu constater votre intérêt, voire votre préoccupation, pour la situation de Telemadrid. Est-ce que cela témoigne d’une crainte par rapport à la situation des médias audiovisuels publics ? Quel est le lien entre cette chaine et Télé Bruxelles ?
Et si #TeleMadrid était la première ligne de front de la bataille pour la télévision de service public en Europe? youtu.be/MuhaTisvcvM
— Marc de Haan (@Marc_de_Haan) 26 décembre 2012
[Voir aussi : le 11 juin 2013, le gouvernement grec débranche la télévision publique]
Il y a un lien, c’est certain. Dans l’intérêt que je porte à cette catastrophe – car c’est vraiment une catastrophe humaine en tout cas, 925 licenciés sur à peu près 1200 travailleurs, soit quasiment tout le personnel – c’est un drame humain auquel on ne peut pas être insensible, d’un point de vue personnel. Maintenant, mon intérêt va au-delà de cela : Telemadrid était une chaine régionale, une télé de capitale, comparable à Télé Bruxelles de ce point de vue, une chaîne que je pouvais jadis envier par son ampleur, parce que Madrid est une ville plus grande que Bruxelles et donc avait des moyens complètement disproportionnés. Il n’y a qu’à voir le nombre de personnes qui y travaillaient : je ne saurais pas en salarier autant ! Cela donne une idée de l’ampleur. Telemadrid était donc une référence pour nous, c’était vraiment un acteur important.
Et puis on l’a vue s’écrouler. On l’a vue s’écrouler certainement à cause de problèmes financiers internes. Il y a un débat sur des erreurs de gestion, un mauvais cap qui aurait été pris… Je suis trop extérieur pour pouvoir en juger vraiment. Mais il y a aussi, à travers cette crise, tout le débat sur le service audiovisuel public. Ce cas m’intéresse parce qu’il concerne une télévision régionale, mais en plus, à travers ça, est vraiment posée la question de savoir si les pouvoirs publics veulent encore soutenir de l’audiovisuel public. On voit qu’au Portugal, on a liquidé la télévision publique. On voit qu’elle est fortement ébranlée en Espagne.
Cela veut dire que quand il y a une crise financière aiguë, ces chaînes publiques qui devraient en principe être beaucoup plus à l’abri que les chaines privées, au contraire, sont terriblement impactées et remises en cause parfois par les pouvoirs publics eux-mêmes. On n’en est pas là en Belgique, heureusement, mais il y a une remise en cause assez générale.
Il y a un débat de fond qui est à la fois extrêmement important et très périlleux pour le service public audiovisuel : c’est le débat lancé par la Commission européenne, gardienne de la concurrence[3]. Celui-ci interroge ce qu’est le service public, mais pose aussi la question de savoir si, quand les pouvoirs publics aident les services publics, on n’est pas dans des aides d’Etat qui provoqueraient une concurrence déloyale avec le privé.
Ajoutez une crise financière, une crise des ressources (privées, de la publicité, mais aussi, en deuxième rang, des ressources publiques), cela fait un cocktail assez explosif, qui me semble être une menace pour tous les médias audiovisuels publics en Europe. Dans cette mesure, pour moi, le cas de Telemadrid est emblématique de ce qui se passe en Europe. C’est extrêmement brutal ce qui arrive là-bas, je ne dis pas que cela va s’exprimer avec la même brutalité partout, mais il faut rester attentifs.
A France Télévisions, il y a un problème ; il faut aussi diminuer l’emploi. Il faut diminuer l’emploi à la RTBF. Les médias hollandais publics sont aussi sur la sellette, avec des coupes sombres dans les budgets et des demandes de réorganisation. On voit qu’il y a donc une tension très forte sur l’audiovisuel public. Il faut réfléchir au sens que ça a, puis montrer la plus-value extraordinaire du service public audiovisuel, ainsi que la complémentarité qu’il peut développer avec l’audiovisuel privé. Mon approche n’est pas une approche de conflit entre les deux, mais au contraire une approche de complémentarité.
Je suis un peu triste, parce que j’ai l’impression que l’on n’est pas très loin dans ce débat-là, et que tout le monde se bat dans son coin, alors que l’on devrait se battre tous ensemble. Quand je dis « tous ensemble », j’entends tous ceux qui ont à cœur qu’une télévision et une radio de service public perdurent. Cela veut dire les différents médias eux-mêmes, dans les différents pays, mais aussi au sein de ces médias, tant le personnel que les dirigeants, parce que les intérêts sont communs.
Journalisme et émancipation : de soi et des autres
Question : dans votre parcours individuel, quels sont les éléments qui vous ont motivé / vous motivent par rapport à une carrière dans l’audiovisuel public ? De manière générale, dans le contexte que nous venons d’évoquer, qu’est-ce qui peut pousser aujourd’hui un journaliste (jeune ou moins jeune) à travailler dans une télévision régionale de service public ?
Mon cas est évidemment un peu particulier, puisque j’ai eu la chance d’occuper plusieurs fonctions dans la chaine. Cela est vu comme une progression puisque c’est une progression hiérarchique, mais ce qui est important surtout pour moi, c’est d’avoir pu évoluer au sens de ne pas toujours faire la même chose. C’est tout à fait personnel, lié à mon caractère. Je pense j’aurais été assez malheureux dans une situation répétitive pendant 20 ans. J’ai besoin d’apprendre.
Quand je suis devenu Rédacteur en chef, j’ai justement appris énormément de choses. J’ai fait plein de bêtises, je ne referais pas tout ce que j’ai fait, mais j’ai appris et je pense avoir finalement pu développer une certaine compétence dans cette fonction-là. Idem au niveau du métier de Directeur Général qui est encore plus loin de mon métier de base, assez radicalement même. Là, je me suis frotté avec des éléments financiers, des pratiques de négociation, la gestion des ressources humaines, etc. C’était vraiment un univers nouveau, mais j’ai appris et tant que j’apprends, je suis content et j’avance, c’est mon carburant.
Mon cas est donc trop spécifique pour témoigner de la réalité dans une télévision régionale.
« Je pense que c’est une chance extraordinaire aujourd’hui, quand on voit l’évolution du journalisme, de pouvoir pratiquer cette sorte de « journalisme fondamental » que je tiens pour une forme de journalisme idéal ».
Pour répondre de manière moins personnelle à la question de savoir ce qui peut motiver un jeune journaliste, premièrement, cela peut sembler idiot, mais c’est qu’il va vraiment faire du journalisme. Ici, les infos, pour l’essentiel du moins, on va aller les chercher soi-même. Il n’y a pas une agence bruxelloise qui fournit des reportages bruxellois. On va tout le temps à la rencontre de notre sujet. Dans une rédaction comme celle-là, on ne fait pas du journalisme assis dans un bureau ou à travers un ordinateur, mais on va voir, on va chercher l’information ou du moins la valider soi-même quand elle vient d’un autre biais, et on va aller la filmer soi-même. Je pense que c’est une chance extraordinaire aujourd’hui, quand on voit l’évolution du journalisme, sa dématérialisation et son détachement du terrain, de pouvoir pratiquer cette sorte de « journalisme fondamental » que je tiens pour une forme de journalisme idéal. Je pense que c’est réellement très motivant.
Deuxièmement, il y a l’avantage de la petite structure. C’est peut-être moins prestigieux de dire à ses parents que l’on travaille à Télé Bruxelles qu’à France 2 ou Arte, bien sûr, mais en attendant, dans cette petite structure, pour revenir à ce que je disais, on peut apprendre, on peut faire beaucoup de choses différentes. Même dans une carrière de journaliste (si j’étais resté pendant 20 ans journaliste, par exemple), on peut vraiment toucher à tout : on peut faire du reportage court, du journal télévisé, du reportage long, du magazine… ; toucher à tous les compartiments de l’information, et comme notre approche est très généraliste, cela va vraiment du sport à la politique en passant par le social, la culture, etc., donc une très grande diversité de contenus ; il y a aussi la possibilité d’être sur terrain, présenter des émissions, présenter le journal télévisé, présenter des débats ; et enfin, une nouvelle opportunité de développement personnel qui est amenée aujourd’hui par les nouveaux médias… En somme, il y a une très grande variété dans une petite structure où l’on a des chances très raisonnables d’un moment pouvoir toucher à tout, ce qui est évidemment très sympathique. Il faut avoir les compétences minimales, bien sûr, mais ce potentiel existe réellement et donc il y a moyen de bien s’amuser et de se dire que dans deux ans, on ne fera pas la même chose que maintenant, de rester dans une dynamique où l’on peut apprendre. Dernier élément, qui n’est pas lié à la pratique professionnelle proprement dite, mais qui est quand même très important : mon souhait, c’est que les gens viennent ici non pas pour prester des heures, mais parce qu’ils y trouvent un véritable épanouissement et du plaisir. Dans cette mesure-là, une petite unité est un endroit qui permet un autre type de relations humaines. J’ai le sang glacé quand je me balade dans les couloirs de la RTBF et que je croise des gens qui ne me disent pas bonjour ; qu’on ne se connait même pas entre collègues… C’est parce qu’il y en a trop : ce n’est pas de leur faute, ils ne sont pas moins sympathiques que les autres, évidemment, cela n’a rien à voir ! Mais c’est une échelle qui dépersonnalise malgré tout, tandis que l’échelle PME de Télé Bruxelles permet un autre type de relation. Avec des ciels bleus et des orages, mais peu importe, c’est en tout cas une relation interpersonnelle qui est très enrichissante.
Question : quelle est aujourd’hui l’originalité du service public ? Les contraintes auxquelles sont confrontés les médias audiovisuels publics permettent-elles à cette dimension de service public de s’exprimer ? Dit autrement, les chaines publiques parviennent-elles à assumer leur mission d’émancipation ?
Si on parle d’idéal, je pense qu’un idéal ne peut s’exprimer parfaitement que dans l’abstraction. Nécessairement, on va devoir rentrer cela dans un contexte, dans un ensemble de réalités, de paramètres et donc de contraintes qui vont donc comprimer cet idéal, en extraire certaines parties, l’obliger à s’adapter, créer certaines frustrations… C’est quelque chose d’inévitable. On est notamment dans des réalités de positionnements concurrentiels, dont on a parlé. Il faut voir les choses de manière réaliste. Dans ce cadre, le pragmatisme consiste à accepter ces contraintes, à essayer de les faire évoluer au mieux, en sorte de pouvoir travailler et d’avoir le sentiment de répondre à cet idéal.
La mission est très vaste, mais je pense que tu mets le doigt dessus : c’est cette dimension d’émancipation. Tout journalisme devrait être émancipateur. Il n’a pas besoin a priori de s’exercer dans le service public pour être émancipateur. A partir du moment où on porte des informations à la connaissance du public et où on essaie de les valider pour qu’elles soient le plus proche possible des faits ou des réalités, quel que soit le média, on fait quelque chose d’utile à la société, à la vie ensemble et à la démocratie. Je crois que ce n’est pas quelque chose de spécifique au service public. On peut parfaitement jouer ce rôle-là et on le fait parfois très bien dans des médias privés.
Toutefois le service public donne une toute autre dimension encore à cela, en diminuant la contrainte qui pourrait dénaturer cette mission. Le service public, pour moi, c’est un espace qui doit protéger le développement de cette mission d’éducation permanente en permettant à chacun de mieux comprendre le monde dans lequel il vit, d’être plus capable de porter ses jugements et de développer son esprit critique. La plus-value du service public est de protéger cet idéal de manière à ce qu’il soit plus affirmé qu’ailleurs.
Le service public doit donc créer les conditions les plus favorables à cette mission.
La première, c’est une certaine sécurité. Cette sécurité est apportée par un financement public récurrent, garanti et sans limite dans le temps.
La seconde, c’est l’indépendance. Cet élément est très lié au premier [cf. DE HAAN, M. (2013), aux Etats Généraux des Médias d’Information (EGMI) : « Donnez-nous les moyens d’exercer notre liberté d’expression » [4]]. Pour faire ce travail et le pousser le plus loin possible, il faut que l’information soit la plus indépendante possible. Je sais qu’il y a une vision qui consiste à dire que c’est le privé qui est garant de l’indépendance, comme dans « RTL-TVI », avec « i » pour indépendant. Ma vision est au contraire que le service public garantit l’indépendance du travail journalistique. Il y sera protégé de la pression concurrentielle, de la pression à l’audience, des demandes de tous les tiers qui gravitent autour de la chaine, de tous les pouvoirs qui peuvent faire pression sur elle, etc. Il s’agit de préserver cette dimension pour que le travail au service de la population – le développement de la méthodologie journalistique elle-même – puisse se faire de la manière la plus sereine et la plus libre possible. Si on réussit cela, je pense qu’il y a une plus-value et une exigence particulière qui va pouvoir se développer plus facilement dans le service public.
Pour moi, le service public, c’est la liberté.
« Je voudrais bien voir des journalistes qui n’ont pas de pressions politiques, que ce soit dans le secteur public ou le privé. Ce sont des débats dépassés ».
Cela me fait toujours un peu rigoler quand quelqu’un dit que nous avons plus de pressions politiques. Je voudrais bien voir des journalistes qui n’ont pas de pressions politiques, que ce soit dans le secteur public ou le privé. Ce sont des débats dépassés. On les a connus, ça a été un combat et j’y ai été mêlé, mais pour moi ce sont vraiment des questions dépassées. Au contraire, ma vision des choses aujourd’hui consiste à considérer que le service public est justement une protection pour l’indépendance des rédactions, plus que jamais et de plus en plus dans le contexte de crise économique – voire structurelle – dans lequel on se trouve. Il y a une vraie réponse qui peut être apportée au niveau du service public ; une réponse originale qui est liée à cette sérénité, cette liberté.
Presse et déontologie : une régulation par les pairs
Question : face à certaines dérives observées au sein des médias [dont quelques-unes sont épinglées par Marc de Haan notamment dans « Sortir la presse de la casserole » dans la Revue Nouvelle en 2004], je souhaiterais aborder le rôle du Conseil de déontologie journalistique [CDJ]. De manière un peu provocatrice, on pourrait se demander si ce n’est pas une instance de pure forme[5]. Quelles sont ses raisons d’être et quelle est l’efficacité de cette institution par rapport à celles-ci ?
Tout d’abord, non, ce n’est pas une instance de pure forme : elle a, je pense, une vraie raison d’être et une véritable efficacité. J’en suis un défenseur. Un défenseur critique, évidemment (critique que je préfère réserver en interne qu’en externe pour une question de loyauté), mais je pense sincèrement que c’est une instance très importante.
J’ai été de ceux qui ont travaillé à sa mise en place il y a bien longtemps. J’ai donc pu voir évoluer tout le projet de départ, puis se concrétiser et puis maintenant le voir arriver à la fin d’un premier mandat de 4 ans, le voir vivre… C’est une expérience vraiment extraordinaire. Extraordinaire ! Je mets au défi ses détracteurs de contester qu’il s’est passé quelque chose dans la presse belge depuis sa création.
Alors, sur ses fondements, il y a la question de l’autorégulation [cf. la réflexion philosophique de Boris Libois au sujet de ce concept]. L’autorégulation, cela signifie que c’est le secteur qui décide lui-même de se réguler. C’est important en matière de presse, parce que c’est l’alternative à l’hétérorégulation, qui elle signifie que ce sont d’autres qui vont venir dire aux journalistes ce qu’ils peuvent faire ou ne pas faire. On voit tout de suite la contradiction : si d’autres – et donc logiquement des pouvoirs : il faut que ce soit un pouvoir pour faire passer des messages contraignants – ; si des pouvoirs viennent dire aux journalistes ce qu’ils doivent faire, alors on se retrouve très vite dans une situation où il y a péril sur la liberté de la presse. La liberté de la presse est garantie dans la Constitution ; un des fondements démocratiques est de pouvoir garantir la liberté, l’autonomie des journalistes. Comment réussir à préserver la liberté d’expression si on est dans une situation où c’est une instance d’experts, le Parlement ou la justice qui dictent aux journalistes comment ils doivent travailler ?
« Le Conseil de déontologie journalistique est l’expression d’une démocratie extrêmement performante ».
Qu’on se souvienne de la situation dans laquelle on était il y a quelques années, avant qu’on dispose d’une loi sur la protection des sources (à cet égard, la Belgique est très avancée en matière de liberté de la presse) : on était dans une situation beaucoup plus précaire.
On peut être fiers et arrêter d’être masochistes en considérant que le CDJ ne serait pas utile. Ce Conseil est l’expression d’une démocratie extrêmement performante. Il faut comparer avec ce qui se passe dans d’autres pays – bien sûr, des pays non démocratiques ou peu démocratiques, mais même d’autres démocraties, qui sont empêtrées dans des problèmes extraordinaires – pour voir à quel point la Belgique est exemplaire en la matière. Le CDJ, pour moi, c’est une instance qui permet de réguler une activité professionnelle en préservant l’indépendance, ce qui est fondamental.
Maintenant, d’où vient la critique ? Elle provient du fait de dire que si c’est de l’autorégulation, on se régule soi-même et donc on est à la fois juge et partie. C’est l’argument qui est souvent développé.
Là, il faut bien comprendre comment ça fonctionne.
D’une part, l’autorégulation, cela veut dire que c’est la régulation du secteur par lui-même, ce n’est pas la régulation du média par lui-même. J’ai une petite formule que j’emploie souvent : « c’est de l’autorégulation et non de l’égorégulation ». S’il y a un cas qui concerne Télé Bruxelles au Conseil de déontologie, je décampe ; je ne reste pas en séance. En réalité, c’est de la régulation par les pairs, par les gens de la profession et qui implique une réflexion qui est commune. On peut fantasmer en imaginant qu’il y a une corporation, une société secrète d’éditeurs de presse et de journalistes qui veille à défendre ses intérêts, mais ce n’est pas du tout ça, évidemment. Ce sont plutôt des gens qui réfléchissent ensemble à des cas concrets de problèmes et qui essaient, avec une procédure extrêmement précise, rigoureuse et très transparente, d’apporter une solution aux questions qui sont posées.
D’autre part, ce mode de fonctionnement comporte des atouts en termes de garanties démocratiques. D’abord, parce que cette autorégulation est paritaire au sens classique en Belgique, c’est-à-dire qu’il y a des représentants des employeurs, le groupe des éditeurs, et des employés, le groupe des journalistes. C’est déjà un contrôle de faire en sorte qu’ils sont présents et qu’ils ont le même poids dans l’instance : c’est cinquante-cinquante. Ensuite, il y a aussi un regard extérieur qui existe dans ce Conseil. C’est un regard de la société civile, en particulier de gens qui ont des compétences pour pouvoir apporter un avis intéressant, par exemple un professeur d’université, un juriste spécialisé dans les médias ou des gens qui, par leur pratique professionnelle, sont plutôt du coté de l’usager et vont pouvoir donner des avis particuliers, par exemple des gens issus du Centre pour l’égalité des chances et de la lutte contre le racisme, de la ligue des droits de l’homme, des droits de l’enfant, etc. En somme, des personnes qui peuvent peut-être mieux se mettre à la place de l’usager.
Tout cela en fait une assemblée très ouverte, finalement, où la parole va pouvoir circuler et l’intérêt général se dégager. On peut toujours l’affiner, avoir des réflexions sur les procédures ou autres pour l’améliorer, mais je pense que c’est un modèle dont nous pouvons véritablement être fiers.
L’efficacité va évidemment être mesurée à l’influence que le CDJ peut avoir. C’est une obligation de résultats. Je pense qu’elle en a une ; qu’il y a des modifications de comportements et des sensibilisations dans les rédactions qui existent. On peut dire que le principe de la sanction est assez faible puisque c’est le principe « name – blame » : « je te montre et je dis que tu as fait une bêtise devant la Terre entière ». Cela n’a peut-être pas le même effet qu’une amende « sonnante et trébuchante ». Quoique : c’est une chose à laquelle les médias sont tout de même sensibles, ils n’y sont pas indifférents. Il ne faut pas oublier par ailleurs que pour tout acte de nature délictueuse et commis par des journalistes ou des médias, la justice est toujours là. Pour ces cas les personnes lésées peuvent toujours aller devant les tribunaux si elles le souhaitent. Pour ce qui est proprement déontologique, je crois qu’il y a une efficacité dans le fait que, malgré tout, un média n’a pas envie d’être critiqué par le CDJ. Tout le monde n’est sans doute pas d’accord avec cela au sein du CDJ, mais en ce qui me concerne, je ne serais pas contre l’idée que la demande de publication d’un avis du CDJ soit contraignante, pas facultative. Pour moi, on pourrait durcir un peu cet aspect-là. Mais ne soyons pas naïfs : si la sanction suffisait à éradiquer le crime, les prisons seraient vides !
Médias, philosophie et esprit critique
Question : selon vous, y a-t-il un sens à éduquer aux médias ? Si oui, dans quelle mesure ?
Je ne sais pas si c’est un avis proprement original parce que je ne suis pas un spécialiste de l’éducation aux médias. Pour moi, c’est évidemment très important. Ce qui se fait au niveau de l’enseignement me semble en tout cas louable, notamment les initiatives « journalistes en classe », par exemple, même s’il faudrait une approche moins ponctuelle. Cela vaut la peine d’aider les gens à décoder les médias, comprendre ce qu’ils sont et accroitre leur connaissance des mécanismes eux-mêmes, parce que c’est en comprenant bien le fonctionnement des médias qu’ils vont mieux pouvoir décoder l’information, justement.
Bien sûr, c’est important, entendu qu’il faut faire attention à ne pas se polariser totalement là-dessus et ne pas voir l’énorme développement d’informations qui circulent en dehors des canaux d’information plus traditionnels : par les réseaux sociaux, par toutes les techniques de communication qui font que tout le monde est devenu potentiellement un informateur… Dans « tout le monde », il y a n’importe qui et n’importe quoi. L’explosion de cet univers-là est une remise en cause pour les médias traditionnels. De la même manière, c’est une véritable interpellation pour l’éducation aux médias en général. Et peut-être qu’il y a un travail encore plus important à faire par rapport aux risques potentiels de cette évolution de la manière de s’informer. Pour moi, c’est en tout cas un des enjeux.
Question : pour conclure, pensez-vous que la philosophie peut permettre de développer un point de vue critique par rapport aux médias ? D’un point de vue personnel, vos études de philosophie ont-elles contribué à construire le regard que vous portez actuellement sur les médias ou dans vos pratiques en général ?
La réponse est « oui », certainement. Je ne sais pas par contre si ça se joue au niveau de l’esprit critique. Je pense qu’il y a plusieurs manières de développer son esprit critique, et heureusement d’ailleurs ! L’esprit critique va trouver dans la philosophie des outils, mais il y a d’autres façons de le développer, de l’acquérir. Il y a peut-être aussi une composante psychologique dans l’esprit critique.
Par contre, ce que cela a pu m’apporter dans mon métier de journaliste et encore aujourd’hui dans mon métier de dirigeant d’un média, c’est une certaine aisance, un certain goût et une certaine facilité pour l’abstraction et la théorie.
Cela se traduit par le fait que tout ce que je fais doit avoir du sens et que ce sens, je vais aller le chercher dans un passage par l’abstraction. Si je dois parler en profondeur de la raison de mon travail, de ce qui me motive, de ce en quoi je crois, de ce pour quoi je me bats, bien sûr, c’est défendre mon entreprise, faire qu’elle perdure et accomplisse sa mission, ainsi que maintenir la sécurité d’emploi du personnel de Télé Bruxelles, mais pour moi, il y a encore autre chose qui est la question du sens de ce que nous faisons et des valeurs que cela met en œuvre. C’est effectivement une réflexion à laquelle je reviens tout le temps, qui m’habite très profondément et qui rejaillit sur mes choix et mes prises de position. Il est fort probable qu’avoir une formation de philosophe, un diplôme de philosophie – je ne suis pas un philosophe pour autant – et d’avoir continué à fréquenter les philosophes – en amateur ; en lisant et en discutant – il est probable que cela joue et que cela donne une certaine originalité à mon approche. Peut-être aussi qu’à un moment, j’en deviens énervant : je peux imaginer que des gens puissent me trouver verbeux ou trop abstrait, précisément, alors que j’ai les mains dans le cambouis…
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[1] Cf. notamment cette carte blanche dans Le Soir en 2003, qui offre une brève présentation de ce think tank et de sa raison d’être : « Ah ! Ces journalistes ! »
[2] Au niveau des rémunérations, par exemple, Marc de Haan a défendu en 2011 une harmonisation des statuts des journalistes de l’audiovisuel public, au cas où l’on imposerait la sous-traitance pour la RTBF : http://www.ajp.be/egmi/tvlatelier2
[3] Cf. entre autres sources pour approfondir cette question :
- « Libre-échange: quels dangers pour l’audiovisuel ? » (avec une interview de J.-P. Philippot) dans La Libre, le 08/06/2013.
- « Politiques audiovisuelle et des médias », sur le site de la Commission européenne (2010).
- « Se préparer à un monde audiovisuel totalement convergent: croissance, création et valeurs », sur le site de la Commission européenne (PDF, 2013).
Cette question de la concurrence sur le web était au cœur du problème lors du litige qui opposait la RTBF et les éditeurs de presse écrite fin 2011, par exemple (cf. « La RTBF gagne le procès contre les éditeurs de presse écrite »).
[4] Dans cette intervention aux EGMI, Marc de Haan aborde par ailleurs d’autres thématiques similaires à celles abordées dans notre entretien : la question du financement public comme condition d’un journalisme plus libre face aux contraintes économiques, la « séparation des pouvoirs » dans la direction d’un média, la liberté d’expression et ses limites, et enfin les thèmes de l’autorégulation et des droits d’auteurs.
Il s’y exprime également sur la question du cordon sanitaire et sa raison d’être : DE HAAN, M. (2013), « Le cordon sanitaire médiatique nous est utile », que nous n’avons pas abordée ici, mais qui propose un éclairage particulièrement intéressant sur la question.
[5] Voir notamment cet article de LEGRAIN, D., dans Le Vif (2013) : « Médias : le gendarme de la déontologie sans matraque » : « Dérives, atteintes à la vie privée, parti-pris : le Conseil de Déontologie Journalistique est chargé de faire le ménage dans la presse. Mais il n’a aucun pouvoir de sanction. Et les mauvais élèves n’en font qu’à leur tête ».
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EDIT 12/08/2013 : depuis ce billet, Marc de Haan a publié une chronique en deux parties concernant la question du service public et à propos de la raison d’être de celui-ci : « Service (public) non compris » : [partie 1] – [partie 2].