Faut-il innover ou ne pas innover, notamment en éducation aux médias (EAM) ? L’innovation semble recueillir un certain consensus et aller de soi dans un contexte mouvant, d’autant plus s’il est question de former les apprenants par rapport à leur avenir, plutôt que vis-à-vis de leur contexte immédiat. Il est ainsi question de les mettre face à des situations nouvelles afin que ceux-ci puissent apprendre à les dépasser en mobilisant des ressources.
Néanmoins, comme le pense Hubert Guillaud, il serait hasardeux de répondre à cette question de manière absolue :
« On peut certes innover sans questionner les finalités. Mais c’est pourtant bien elles qui demeurent tout l’enjeu de l’innovation et ce sont bien elles qu’il va falloir un jour mettre à plat »
Ce questionnement renvoie donc à la question des objectifs pédagogiques. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une problématique propre à l’éducation aux médias et à l’information. Cependant, elle est particulièrement présente dans la mesure où le contexte technologique et social est lui-même marqué d’innovation, voire d’appel à l’innovation. Or, une lacune que nous avons constatée dans plusieurs dispositifs didactiques en EAM repose dans l’absence de mise en perspective de l’adéquation entre les moyens utilisés (méthodes et contenus d’enseignement) et l’atteinte (ou non) des objectifs initialement fixés (On retrouve par exemple la confusion entre « éducation aux médias » et « éducation par les médias » : certains dispositifs postulent a priori que l’utilisation de telle technologie ou de telle application va favoriser une appropriation critique de ces outils, mais ce postulat n’est pas mis à l’épreuve). Pour le formuler simplement, si elles réfèrent clairement à des finalités, les pratiques pédagogiques doivent pouvoir être évaluées en tant que telles : fonctionnent-elles ?