Suite à la polémique résultant du sondage du Point publié mi-juillet, le débat sur la censure des propos racistes est encore une fois relancé. Là où je trouve que Le Point a échoué à reprendre la balle au bond et à s’exprimer de manière constructive à ce sujet, je vous propose plusieurs pistes pour alimenter le débat.
Censurer = moraliser
Pour François Desmet, la censure relève d’une logique d’interdiction. Celle-ci est d’ailleurs moralisatrice : elle dit en somme « c’est mal de tenir de tels propos publiquement ». Pour l’auteur, cela mène a une impasse. Cependant, n’y a-t-il pas de nombreuses lois qui fonctionnent selon des interdits « absolus » ? N’a-t-on pas besoin de repères moraux, quitte à en frustrer certains ? Est-ce mal d’ériger des règles et des sanctions en cas de transgressions de celles-ci ?
De plus, si nous sommes effectivement dans le cadre d’une logique moralisante, il s’agit d’une morale conséquentialiste : c’est mal notamment parce que c’est susceptible de faire du tort à des personnes, des ensembles de personnes ou des communautés. C’est mal parce que cela a objectivement des conséquences néfastes ou désagréables par rapport à la vie en société.
Un premier effort pédagogique serait d’expliquer cette logique, cette raison d’être. Cela pourrait s’accompagner également d’une réflexion sur la zone de pertinence d’une logique calquée sur le modèle « du bâton et de la carotte » : peut-on se passer absolument de tactiques supposées baliser l’action humaine ? Quid de la notion de sanction, lorsqu’il y a transgression par rapport à un interdit ?
Des conséquences et des victimes
Aussi, François Desmet pose une question : « Si la sensibilité des « cibles » devient un argument, ne pourrait-on pas interdire tout propos potentiellement blessant envers qui que ce soit, et vider ainsi de son sens de tels dispositifs ? ». Cette question n’est pas tout a fait significative dans la mesure où de tels propos pourraient relever de la calomnie, de la diffamation, et plus largement du délit de presse. De facto, c’est le raisonnement qui s’applique déjà.
De plus, on est là dans un débat à une autre échelle. Il revêt des proportions différentes : là où un individu pourrait se voir offensé et obtenir gain de cause face à un média ou une personne physique, le débat relève ici d’enjeux sociaux, de relations qui dépassent le cadre de l’offense médiatique « individuelle ».
L’auteur pointe cependant très justement d’autres raisons importantes : il semblerait que son propos soit plutôt de dire que cette lutte peut mener à une impasse lorsque celle-ci se résume à une censure arbitraire et parfois peu pertinente, et dans la mesure où c’est du « one-shot », basé sur une logique d’interdictions.
Il relève que cette stratégie postule la malléabilité de l’opinion publique : en gros, si on « censure », c’est parce qu’on a peur que la populace soit influencée et que des dérives en découlent effectivement.
Malheureusement, cette hypothèse semble malheureusement se vérifier au moins en partie, au vu du nombre de partages liés à des images et propos ambigus ou explicitement haineux, par exemple…
Censurer = déforcer ? – Des enjeux de société
Pour Marc de Haan, on touche là au cœur du problème. Marc de Haan ne pense pas que les citoyens belges francophones soient dotés d’un surcroit de moralité par rapport aux autres pays. Or, les partis extrémistes, radicaux, n’y percent pas comme ailleurs. Une des hypothèses tient dans le « cordon sanitaire médiatique » qui n’empêche certes pas de parler de la problématique du racisme, mais bien de tout simplement refuser l’accès à la parole publique à ce genre de discours.
> [Edit octobre 2015] A ce sujet, lire aussi Pourquoi Marine Le Pen serait interdite d’antenne sur la RTBF
Effectivement, il y a l’idée selon laquelle priver ces propos d’un auditoire fonctionne face aux dangers non seulement de blesser des individus ou ensembles d’individus, mais en plus à favoriser la montée en puissance de partis antidémocratiques et/ou de mesures visant à restreindre les libertés des citoyens. Selon lui, cet encadrement suppose entre autres « de ne pas devoir donner la parole à des gens qui, demain au pouvoir, vous mettraient facilement en prison ».
> Voir également : Peut-on donner la parole aux dictateurs ? Les avis de Marc de Haan et Yves Thréard (La Libre, 2013)
Aussi, les sujets qui touchent à une dimension identitaire sont souvent délicats. Cf. mes articles relatifs à l’identité et aux communautarismes : La question de l’identité (concepts d’essentialisme, de stigmatisation, d’égocentrisme, d’ethnocentrisme…), L’identité selon Brubaker, Communautarismes : le cas belge.
D’une part, les médiatiser met ces sujets à l’avant-plan des débats (cf. agenda setting). Si une partie du public y est déjà sensible ou « réceptive », cela ne fait que leur donner de l’importance.
D’autre part, le format médiatique n’est pas toujours propice à la complexité et donc à offrir une place confortable à une déconstruction adéquate des propos simplistes, ce qui donne un « avantage » aux propos de ce type. Mieux vaudrait donc ne pas leur donner droit au chapitre ? Sachant que régulièrement « la discussion, c’est la guerre », les propos qui procèdent par clivage ne sont pas prêts de ne plus avoir droit au chapitre…
Bien sûr, selon M. de Haan comme pour F. Desmet, interdire est insuffisant.
[Mise à jour 2021] Nicolas Galita, Il ne faut jamais débattre avec l’extrême-droite – 5 raisons de ne pas débattre publiquement avec l’extrême-droite (2021).
[Mise à jour 2023] Cf. cet extrait de C à vous avec Jean Massiet.
"Je n'ai pas envie de poser de questions à Marine Le Pen. Je refuse le jeu qui consiste à renvoyer dos à dos des camps en se disant que notre paysage politique est fait d'un ensemble d'options qui se valent les unes les autres."
@SamuelEtienne et @JeanMassiet dans #CàVous pic.twitter.com/7Qa4sn4M3e— C à vous (@cavousf5) April 10, 2023
Censurer = renforcer ?
Un des problèmes souvent relevé est que la censure confine les auteurs des propos censurés dans leur rôle de victime (et la rhétorique qui l’accompagne) et éventuellement dans leur frustration. F. Desmet l’exprime de la sorte : « [Les stratégies d’interdictions et de censure] tendent même, par un effet pervers et inattendu, à cliver et radicaliser des positions qui l’invoquent rapidement de part et d’autre ; elles tendent également à crisper une partie importante de la population qui estime « qu’on ne peut plus rien dire », et qui ignore généralement à quel point sa jurisprudence est limitée et encadrée ».
Selon lui, un des enjeux se situe justement dans un travail de socialisation de fond, par l’éducation notamment. Ces questions sont complexes et méritent d’être abordées, mais pas n’importe comment, n’importe où.
En effet, on constate que de nombreux phénomènes sociaux, affectifs et culturels peuvent influencer l’adhésion à ce genre de propos : le fait qu’ils pointent un ou plusieurs « bouc-émissaires », si possible minoritaires (les étrangers, les homosexuels, les riches (ce qui montre que ce type de stratégies n’est pas l’apanage des partis extrémistes…), les pauvres, les personnes handicapées, etc.), le fait que ceux-ci soient « censurés », le fait qu’ils soient émis par des « contestataires » face à un pouvoir en place qui ne satisfait pas, le fait que les débats publics soient simplistes, le manque de pédagogie par rapport aux enjeux, etc.
Le fait de savoir si interdire des propos est efficace pour lutter contre le racisme nécessite de prendre en compte l’histoire dans lequel la censure intervient. Aux Etats-Unis, ce type de restriction n’existe pas a priori. Cet exemple est régulièrement cité, mais le contexte socioculturel y est différent, comme l’expliquent Dominique Inchauspé et François Durpaire dans cet article : selon eux, il existe une désapprobation sociale qui fait office de règle implicite par rapport à des propos racistes.
> [Edit 05/2014] Lire aussi : Le droit et la haine. Liberté d’expression et « discours de haine » en démocratie (Raison-publique.fr, 2014) : le droit devrait-il, en démocratie, interdire les discours de haine ?
Censurer, contraire à la liberté d’expression ?
Il convient de couper court à ce qui s’apparente souvent à une fausse question – dans notre contexte en tout cas. Trop souvent, la liberté d’expression est entendue comme une sorte de liberté absolue de dire « tout ce que l’on veut ». En réalité, plusieurs limites existent (cf. ce dossier pédagogique, 2011).
> [Edit 2017] Propos haineux et racistes : Roularta ferme les commentaires sur ses sites (Le Vif, 2017).
C’est d’ailleurs le seul argument, un peu bateau, exprimé par Le Point, avant de supprimer son sondage polémique. Suite aux nombreuses railleries et critiques sur les réseaux sociaux, le journal réagit en ces termes : « Un journaliste ne s’interdit de poser aucune question, et surtout les plus dérangeantes… ». Par cet argument, Le Point non seulement se déresponsabilise des conséquences sociales de son sondage et échoue ainsi à en relever les enjeux de fond, mais en plus il fait preuve d’une extrême mauvaise fois par rapport aux biais que celui-ci comportait (échantillon, réponses induites par les propositions et mal formulées / choix factice, mise en avant d’un sujet « marronnier », trolls votant plusieurs fois, etc. Voir aussi « L’opinion publique n’existe pas », de P. Bourdieu ou encore cet article critique vis-à-vis des sondages en ligne, sur Acrimed).
Pour Boris Libois, la question de savoir si le journaliste peut tout dire, sous prétexte d’informer et de rendre compte de manière « neutre » de l’opinion publique, il faut remettre ce sacro-saint « droit d’informer » (voire ce « devoir » d’informer, comme s’en revendiquent certains missionnaires) dans le contexte de l’utilité sociale du journalisme, de sa fonction dans un Etat démocratique, dans une société harmonieuse (Plus sur cette thèse).
Il demeure qu’il est important de garder en tête une réflexion sur la liberté d’expression et son cadre lorsqu’il est question de censure…
> Mise à jour 2021 : lire aussi On ne peut plus rien dire : la liberté d’expression (2020) et Galita, N., Il ne faut jamais débattre avec l’extrême-droite. 5 raisons de ne pas débattre publiquement avec l’extrême-droite (2021)
Difficile d’interdire
Les interdits sont souvent difficiles à faire respecter, d’autant plus face à deux paramètres :
- d’une part, ces propos sont souvent édulcorés, implicites, et donc d’autant plus vicieux : « les étrangers, les autres cultures, ce n’est pas qu’on ne les aime pas – on n’est pas raciste, non -, mais quand même, ils sont mieux chez eux, hein ». Tout est dans les implicites, les connotations. C’est la mauvaise foi que l’on retrouve exprimée par Claude Guéant ou encore Jean-Marie Le Pen lorsqu’il déclare ceci : « Moi, j’ai dit que la présence des Roms était urticante et odorante. Cela a été un tollé épouvantable ! Je renvoie bien sûr ces cuistres à l’étude du Larousse pour qu’ils regardent la différence qui existe entre odorant et malodorant ». Le fait de souligner une odeur ne voulait certainement pas dire qu’il s’agissait d’une odeur désagréable, que du contraire ! Le Pen utilise probablement « odorant » comme synonyme de « malodorant » (ou du moins cela a été compris comme cela), mais s’en défend en jouant sur les mots. Pourquoi souligner une odeur si celle-ci est « neutre » ? Cette rhétorique agaçante de grossièreté semble pourtant faire les affaires du FN : la posture de l’incompris, face aux méchants qui veulent les museler et qui interprètent mal leurs propos. « Bon sang, ils sont pourtant limpides, nos propos », feignent-ils. D’où le fait que lorsque des personnages publics comme Luc Trullemans osent une sortie de ce type, certains se disent : « enfin quelqu’un qui ose braver la censure injuste pour dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas ». Cf. cette campagne, illustrée par Bado : « Le raciste, c’est l’autre ».
- d’autre part, parce qu’il est difficile de contrôler les propos tenus sur les réseaux sociaux (cf. notamment mon article en 2012, ou encore « Hitler, les ados et le web », par Alain Gerlache).
C’est l’un des arguments tragiques de ceux qui « osent » de tels propos : « ce n’est pas de notre faute s’ils sont présents dans la société »…
Si une image raciste est partagée 5000 fois, quel impact la censure a-t-elle ? Comment sensibiliser les 5000 relais, en plus de la « source » initiale ?
On peut également se poser la question de l’effet Streisand…
Des pseudo-intellectuels face aux méchants racistes
Face à ces phénomènes, on a une sorte de levée de boucliers de ces gens qui se revendiquent lettrés, qui ont bien intériorisé la morale moralisante, et pour qui cela ne fait aucun doute que les racistes sont de sombres crétins qu’il vaudrait mieux museler.
Si on ne peut pas leur donner tort sur toute la ligne (…), ils passent carrément à coté de la plaque de l’enjeu didactique et démocratique de cet exercice. Ils déplacent en fait le clivage et reproduisent eux-mêmes quelque chose qui n’est pas spécialement intelligent. C’est l’erreur qu’a fait la gauche quand ils ont réduit les propos de Guéant sur les civilisations à du nazisme, de manière tout aussi simpliste que Guéant, au lieu de traiter le problème de fond. C’est le même réductionnisme, en plus d’être carrément pédant. Cf. Les polémistes sont-ils responsables des interprétations de leurs propos ? Pour contrer efficacement les réductionnismes, il convient de s’attaquer au réductionnisme lui-même, et donc de faire droit à la complexité du monde (cf. catégorie Vérité et épistémologie).
Le problème est que l’on reste dans des logiques qui creusent les clivages, qui opposent des catégories de personnes (comme dans le cas des communautarismes). Implicitement, créer un « nous », c’est créer un « eux »…
Face à cela, il y a un public qui interprète et se positionne. Il se positionne en fonction d’affects, de frustrations et de vécus personnels. Ceux qui prétendent ne pas être responsables des polémiques qui en découlent le sont en réalité d’autant plus dans la mesure où ils adoptent une rhétorique simpliste qui prend le pas sur les questions et enjeux de fond. Ce public, il est incorrect de ne pas le prendre en compte, de faire comme si seuls les mots et les idées exprimées par les médias ou les politiques comptaient.
On sait d’ailleurs que ce ne sont pas nécessairement les classes les moins « lettrées », les plus « populaires » qui adhèrent d’office à ce genre de propos… Cf. ce que j’entends par « intelligence » / Pour une éthique de la discussion.
Censurer, nécessaire et suffisant ?
Pour boucler la boucle de ce panorama réflexif (mais certainement pas pour boucler le débat), il est sûr que la logique de censure ne relève pas de l’évidence absolue. Elle a cependant une pertinence face à l’expression de prises de position identitaires radicales que l’on sait malheureusement contagieuses, dans la mesure où celles-ci sont bel et bien présentes dans la population, exprimées ou non.
Pour Marc de Haan, ce n’est pas parce que l’on interdit le droit au chapitre à des partis radicaux que l’on ne peut pas parler de la raison d’être de ce type de propos, du « pourquoi » ils sont là, et surtout du « pourquoi » il est considéré qu’il est mieux qu’ils ne le soient pas. Pour François Desmet, la censure s’avère parfois stérile (quand il s’agit de censurer la série Derrick, par exemple, ce qui pose par ailleurs la question du lien et de l’éventuel amalgame entre une personne et son œuvre – question qui s’applique bien à Heidegger) et n’est clairement pas suffisante.
Ainsi, offrir une tribune libre « en direct » et sans contradicteur à une personnalité connue pour ses dérapages n’est pas judicieux, alors qu’un reportage ou une enquête de fond permettrait de mettre les propos de cette personne en perspective avec des faits (qui, bien souvent, contredisent lesdits propos), par exemple. Il n’est alors pas tant question de censurer que de baliser l’intervention, et se donner les moyens de déconstruire les discours antidémocratiques.
Nombreux semblent converger vers l’idée qu’il y a bel et bien des débats de fond par rapport à cette problématique, auxquels la censure seule ne permet certainement pas de répondre. Si les médias « traditionnels » ne sont peut-être pas le lieu le plus propice à leur expression, il reste qu’un effort didactique est nécessaire.
> [Edit 05/2014] Lire aussi : L’État face à la liberté d’expression (2014).
> [Edit 12/2016] Lire aussi : [Dossier] Lutter contre les propos faux et haineux (2016)
Expliquer la censure : expliquer pourquoi, dans une société démocratique, on n’accepte pas que de tels propos soient exprimés. Expliquer pourquoi, dans cette même société, ces propos ont des dimensions fallacieuses (cf. La question de l’identité, L’identité selon Brubaker, Communautarismes : le cas belge), et sont marqués d’implicites réducteurs et de mauvaise foi. Si les propos racistes et/ou extrémistes acquièrent une plus grande visibilité sur le web, il faut d’autant plus que les arguments qui les contredisent soient représentés (sur le fond et sur la forme).
Expliquer, encore et encore. On n’en aura jamais fini d’expliquer. Mais l’enjeu n’est-il pas de taille ?
Mon commentaire à l’article L’impasse moralisatrice de la lutte contre le racisme de François De Smet (2013) :
Bonjour,
J’apprécie toujours vos chroniques à la fois nuancées et parfois un peu décalées (voire provocatrices et/ou humoristiques).
Ici, je crois qu’il y a l’une ou l’autre considération qui pourraient s’ajouter à votre réflexion. Comme vous le dites, le racisme et la xénophobie sont délictueux lorsqu’ils sont exprimés dans la sphère publique, pas dans le for intérieur de chacun ou dans la sphère privée. Je pense que cette problématique est en fait fort liée aux médias et à certains de leurs modes de fonctionnement.
Concrètement, ce que je veux dire par là, c’est qu’il est difficile, dans la plupart des formats médiatiques (de l’émission de télévision et du reportage de JT aux commentaires sur les forums de presse en passant par les affiches voire les mèmes Internet) ne permettent pas d’argumenter efficacement contre le racisme, ou ne serait-ce que de l’expliquer et/ou d’en comprendre les raisons (sachant que certains replis identitaires / communautaires témoignent de raisons socioaffectives, de frustrations, de difficultés de vie en communauté, voire de traumatismes…). A contrario, les « idées » racistes ou xénophobes ont l’art d’être simplistes. Pour peu qu’elles soient exprimées avec une certaine rhétorique, par une personne charismatique et/ou « séduisante », c’est le drame… Parce qu’il est du coup nécessaire qu’en face, il y ait suffisamment de répondant, dans le même format court, peu propice à la complexification. Ne serait-ce que votre texte, pourtant limpide, agréable à lire et à écouter, cela dépasse déjà le format traditionnel qui permet d’exprimer une idée.
Du coup, ceux qui caricaturent sont avantagés. Ainsi en témoigne le fait que cette image ait été partagée des milliers (…) de fois sur Facebook en 2012.
Une deuxième chose, c’est de comparer les résultats, les conséquences. Effectivement, force est de constater qu’il existe bel et bien un racisme latent en Belgique francophone. Et pourtant, par rapport à de nombreux autres pays et régions d’Europe, les partis d’extrême droite ne percent pas en Belgique francophone. Or, il y est appliqué le fameux « cordon sanitaire », qui dit tout simplement que les partis qui ont des idées proches du racisme et de la xénophobie sont juste indésirables. Alors oui, cela se résume à dire que « le racisme, c’est mal », et non, ça ne permet pas à mon avis de contrer ce racisme latent présent chez une partie de la population… Mais cela a une certaine efficacité hypothétique du moins. Cet argument est celui de Marc de Haan (« le cordon médiatique nous est utile »).
Quant à mon avis, il est un peu entre tout cela, je suis partagé. Dans le meilleur des mondes, je souhaiterais que l’on puisse débattre de toutes les questions, aborder tous les sujets, le tout de manière sereine et que l’on puisse déconstruire « dans les règles de l’art » certaines doctrines comme celles liées au racisme et à la xénophobie, de réfuter les extrémismes et les simplismes au profit de la nuance.
Malheureusement, je constate que des voix silencieuses s’élèvent dans le cas Trullemans, mais aussi lorsque des questions communautaires sont abordées (coté francophone comme néerlandophone). D’un autre côté, c’est un travail de très longue haleine que d’entendre ce type d’opinion et d’essayer d’en comprendre les fondements (qu’est-ce qui fait que les personnes y adhèrent ?), c’est très complexe…
Comme vous le dites, la réponse est probablement dans l’éducation, l’intégration (peut-être pas l’emploi à mon sens parce qu’il soulève d’autres réflexions, mais bon, ok dans la mesure où c’est un facteur d’intégration…).