Cet article est consacré à des études de cas et à des exemples de questions abordées dans le cadre du cours Médias, philosophie et citoyenneté.
⚠️❗Pour une introduction à la philosophie, savoir ce qu’est une question philosophique ou comment poser une question philosophique, c’est par ici > Peut-on éviter le questionnement philosophique ? et C’est quoi une question philosophique ? Exemples de questions philosophiques <❗⚠️
C’est quoi, une question philosophique ? Exemples de questions philosophiques
L’objectif de cette liste (non-exhaustive) de questionnements est double :
- permettre aux étudiants de s’approprier, de manipuler et d’appliquer des concepts, courants et théories philosophiques ;
- étudier les impacts des prises de position et les présupposés que les différents types de réponses à ces questions supposent (entre autres en termes de perceptions, de représentations, de valeurs, etc.)
Questions épistémologiques en éducation
- Peut-on dire des choses plus vraies que d’autres sur la réalité ?
- Est-il possible de transmettre des vérités en éducation ?
- Que veut dire « tendre vers l’objectivité » ? Est-ce possible, souhaitable ?
- Quels sont les paradigmes épistémologiques en éducation ? Quels sont leurs impacts sur les pratiques éducatives ? Quels sont les présupposés épistémologiques en pédagogie ?
- Quelle est la place des préjugés (ou représentations) en pédagogie ? Que recouvre la notion de « préjugé » ?
- Y a-t-il des contenus et des méthodes didactiques plus pertinents que d’autres ?
- Le pluralisme implique-t-il un relativisme en éducation ?
- Qu’est-ce que la neutralité dans l’enseignement ? Est-elle possible, souhaitable ?
- Peut-on parler d’un diktat de certains paradigmes dits des sciences de l’éducation (monisme, dogmatisme…) ?
- Savoirs et vulgarisation : peut-on communiquer la réalité sans la déformer ?
- Y a-t-il des usages ou des types d’usages « meilleurs » que d’autres, en termes de savoirs critiques ?
Questions éthiques en éducation
Sens de l’éducation
- Peut-on faire qu’il y ait plus de « bien » ? Nos actions ont-elles un impact sur le monde ?
- Avons-nous une maîtrise des conséquences de nos actes ? De quoi sommes-nous responsables ?
- A quoi sert l’éducation ? En quoi une posture nihiliste est-elle envisageable pour relativiser les enjeux pédagogiques ?
- (Que) faut-il savoir ? Heureux les ignorants ?
- Une cohabitation harmonieuse entre les croyances est-elle possible ? Qu’est-ce que la « tolérance » ?
- Plus de liberté est-il synonyme de plus de moralité ?
- Qu’est-ce que le pari d’éducabilité ? Qu’est-ce que cela a à voir avec l’existentialisme (Sartre), ou encore avec la thèse de la banalité du mal (Arendt) ?
- Quel est le rapport entre le fait de développer l’autonomie et l’existentialisme, en éducation ?
- Quels sont les présupposés moraux de tel ou tel dispositif éducatif ? Quelles sont les postulats éthiques des pratiques éducatives observées ?
- Quels glissements opérer entre descriptif et normatif ?
Quels glissements ne pas opérer entre les deux ?
La connaissance doit-elle être orientée par et vers l’action humaine ? A-t-elle de la valeur en soi, dans l’absolu ? L’éducation doit-elle être normative ? Si oui, est-elle une forme de propagande ? - Faut-il formaliser les usages et autres « savoirs informels » des apprenants ? Est-ce possible ? Est-ce utile ?
Doit-on éduquer à des façons de faire conventionnelles (par exemple, les pratiques journalistiques) ou bien plutôt à détecter ces conventions en tant que telles ?
Éducation, valeurs et règles morales
- Peut-on envisager un cursus d’éducation à la citoyenneté sans un socle de règles morales (explicites ou non) ?
- L’éducation doit-elle être normative ? Si oui, est-elle une forme de propagande ?
- L’émancipation individuelle peut-elle se passer de l’intégration de règles morales ? Le doit-elle ?
- Existe-t-il des règles « universelles » ? Y a-t-il des valeurs « immuables » à transmettre ? Quelle est la place des droits de l’homme ?
- Interdits et émancipation : quelles tensions en éducation ? Le fait de poser des interdits est-il en opposition avec le développement de l’autonomie ? Quid des logiques d’interdictions, des règles et des sanctions ?
- Le fait de développer l’autonomie individuelle est-il une évidence ? « Quand on laisse les gens libres de choisir, ils choisissent mal » (film The Giver, 2014)
- Règles et liberté : comment les articuler en éducation ? Faut-il faire transmettre des règles morales ? Quid d’une critique de celles-ci ? Y a-t-il une limite au fait de ne pas mettre de limites ? La responsabilisation peut-elle permettre à elle seule une vie harmonieuse en société ?
- Le fait de « responsabiliser » consiste-t-il à transmettre des normes, de manière à ce que l’apprenant sache se dire qu’il choisit « en conscience » d’obéir à la règle morale ?
- Peut-on prétendre développer l’autonomie critique d’un apprenant à tout âge de la vie ? La responsabilité d’un enfant de 3 ans est-elle la même que celle d’un adolescent de 16 ans ? Quid de leur liberté ? Quels contenus et méthodes pédagogiques en conséquence ?
- Les règles sont-elles évidentes ? La prévention par conscientisation est-elle suffisante ? Y aura-t-il toujours des comportements violents, destructeurs, voire absurdes ? Doit-on focaliser les actions éducatives sur de telles dérives extrêmes ?
Plaisir(s), bonheur et morale
- Aristote, Aristippe et Epicure érigent la question des plaisirs ou du bonheur comme fondamentale en philosophie morale.
Quid d’une recherche des plaisirs et du bonheur dans les systèmes éducatifs et médiatiques ? Quelle est la place de ce questionnement dans les sphères que nous étudions ?
La recherche du ou des plaisirs est-elle primordiale ou secondaire en éducation ?
Questions philosophiques spécifiques aux médias d’information
- L’objectivité est-elle possible, dans les médias d’information ?
- Le pluralisme des opinions implique-t-il nécessairement une forme de relativisme ?
- Le fact checking implique-t-il nécessairement une forme d’idéologie, voire de dogmatisme ?
- Comment la communication des informations y est-elle appréhendée ?
- Quels sont les paradigmes des théories de l’information et de la communication ?
- Quels sont les liens entre les dispositifs médiatiques, les langages, les perceptions du monde et la réalité ?
- Quels sont les présupposés moraux des règles de droit auxquelles sont soumis les journalistes ?
- Analyse des présupposés du « journalisme de solutions » (Céline Pierre, 2017)
- Analyse du reportage polémique de Logo! Die Went und ich du 14 novembre 2015 (Carmen Michels, 2017)
Questions philosophiques spécifiques d’éducation aux médias
- Comment parler des médias alors que nous les vivons au quotidien ? L’objectivité est-elle possible ? Les discours sur les nouvelles technologies ont-ils assez de distance pour objectiver ce dont-ils parlent ? Comment prendre une « bonne distance » par rapport à l’objet étudié (les médias) ? Est-il possible d’en parler sans subjectivité ?
- Les technologies sont-elles intrinsèquement bonnes ou mauvaises ? Ou, au contraire, sont-elles neutres (et de toute manière inéluctables) ?
- Analyse du phénomène médiatique « Pokémon Go » (Marie Foti, 2017) : un jeu absurde, « virtuel » et dangereux abrutissant les jeunes ?
- Les algorithmes dans les médias sociaux (Anne-Sophie Casteele, 2017)
- Quelle est l’approche de l’éducation aux médias vis-à-vis des croyances et représentations ?
- L’éducation aux médias en tant que discipline (ensemble de méthodes et de contenus) est-elle une morale ? Doit-elle l’être ?
- Un approfondissement par Nathalie Papleux : Faut-il prescrire des comportements aux élèves en matière d’éducation aux médias ? (Le cas de Child Focus)
- Quelles valeurs pour l’éducation aux médias ?
- Quel(s) jugement(s) la critique des médias porte-t-elle sur ceux-ci en fonction des critères de plaisir ou de bonheur ? Les contenus médiatiques sont-ils jugés en fonction du plaisir qu’ils suscitent ? Si oui, comment le sont-ils ? Quels impacts éducatifs cela a-t-il ? Quelle est la place de ces critères dans la hiérarchie des valeurs utilisées pour juger les médias (leur fiabilité, leur « utilité » technique, etc.) ?
- Une étude de cas par Alyson Hernalesteen : Analyse des présupposés moraux d’Enora Malagré à l’égard de la téléréalité
- Qu’est-ce qu’être critique par rapport aux médias ? Quels sont les savoirs, compétences ou attitudes valorisées ? Quel positionnement normatif cela implique-t-il ?
- L’esprit critique peut-il être acquis une fois pour toutes ? Si non, peut-on l’enseigner ? Et comment évaluer l’esprit critique d’un apprenant ?
- Peut-on concilier les approches de terrain de l’éducation aux médias, y compris les plus « radicales » (en termes de dogmatisme ou de relativisme) ? Le faut-il ?
- A qui s’adressent les pratiques d’éducation aux médias ? A qui doivent-elles s’adresser ? Y a-t-il des catégories de personnes à qui certains contenus d’apprentissage (lesquels exactement ?) devraient être destinés en priorité ?
Philosophie des médias et de l’éducation aux médias : études de cas
Des questions d’éthique normative appliquée inspirées de faits d’actualité sont par ailleurs proposées dans le cours.