La critique des médias est-elle une critique logique, rationnelle, ou bien une critique sociale ?
BHL, Onfray, LaDH, TF1, RTL ou encore Nabilla sont des exemples parmi d’autres de cette problématique.
En effet, ils sont les objets d’une critique plus ou moins légitime et parfois très grave (selon les cas), mais aussi – voire surtout – le faire-valoir favori de certains qui les dénigrent…
De manière générale, la fonction de socialisation du média permet d’en comprendre de nombreux phénomènes.
Par exemple, de nombreuses personnes regardent la téléréalité, tout en critiquant cette dernière. Même majoritairement – voire unanimement – critiqués, certains contenus sont massivement consommés, partagés et commentés. La raison est qu’il y a tout un jeu social autour de cela : si on ne connait pas Nabilla, on ne peut pas participer à une conversation qui parle de Nabilla. Au travail ou dans la cour de récré, il y a ceux qui ont ce sujet de conversation, alors que les autres ne l’ont pas.
Pour moi, la critique émanant de certains milieux dits « lettrés », « cultivés » par rapport à des contenus dits plus « populaires » répond également à ce principe, au moins dans une certaine mesure.
Si elle est basée sur plusieurs critères rationnels (qui ne sont pas nécessairement les critères de consommation de ces contenus, indice d’une dissonance culturelle : par exemple, on oppose implicitement « connaissance » et « politesse » à « plaisir » et « divertissement »), légitimes, elle dépend également d’un positionnement socioaffectif, culturel.
Autrement dit, prendre la peine de dénigrer ces personnages et ces contenus, c’est se positionner socialement, c’est dire quelque chose de soi, en versant parfois dans les biais cognitifs (biais de confirmation d’hypothèse, par exemple), les erreurs de perceptions et de jugements.
Un mensonge poserait-il problème s’il n’y avait personne pour y croire ?
De même, l’importance accordée à l’information ou à la presse, entre autres dans les écoles, n’est pas toujours pertinente. Est-on nécessairement plus critique lorsque l’on regarde le JT ou ouvre un journal chaque jour ? Certains cas prêtent à penser le contraire. Le rapport des individus au savoir ne dépend pas uniquement d’une curiosité cognitive, ni de leur rationalité…
Je ne trouve pas qu’il y ait de quoi se réjouir que les punchlines occupent tout l’espace public. Quand bien même j’en approuve certaines…
En conséquence, critiquer les médias, selon moi, c’est savoir aussi se remettre en cause dans notre propre approche des médias. Autrement dit : critiquer les médias, c’est aussi critiquer notre propre rapport à ces médias. C’est adopter une approche réflexive par rapport aux valeurs, opinions (confiance, méfiance…), discours, usages, pratiques et comportements à leur égard.